> MIGRATION VERS LE SUD

"Que l'aventure humaine ait commencé au Nord ou au Sud de l'Équateur, l'essor de la civilisation néolithique s'est affirmé dans la masse des continents septentrionaux - refoulant les plus primitives des races - avec la diffusion de la culture mégalithique et de celle des Pléiades en zone équatoriale, au-delà des "méditerranées"; dans les déserts et les forêts, les archipels et les îles de cet hémisphère austral, où prédominent les océans qui ceinturent le mystérieux continent volcanique et glacé du Pôle Sud"

Louis Massignon

SOMMAIRE

Extinction des Alakalufs

Les Alakalufs en 1953

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[ Les Alakalufs

"Pour que le "Grand Trek" Nord-Sud ait pu avoir lieu, il faut d'abord, que les populations intéressées (p. ex. Australiens, Bushmen et Fuégiens) soient, régionalement dans leur aire géographique actuelle, des immigrés. Cela ne paraît pas douteux pour les Fuégiens, quelle que soit la théorie que l'on accepte pour le peuplement de l'Amérique du Sud"

Théodore Monod

Fuégiens

Fuégiens au début du siècle

"Le continent américain a d'abord été peuplé par des groupes d'émigrants arrivés à une date très ancienne, entre 10 000 et 20 000 ans avant notre ère, à l'âge de la cueillette. Divisés en petites hordes, ils ont vagabondé sur cette énorme surface de terre. Du nord au sud de l'Amérique, en dépit de leur densité très faible, on retrouve leurs traces par des gisements archéologiques connus. A l'arrivée de tribus plus nombreuses, mieux organisées, plus évoluées, la plupart disparurent. Survécurent uniquement de ces hordes celles qui furent refoulées dans les parties les plus pauvres du continent que personne ne leur disputait. Dans ces refuges, souvent inaccessibles, misérables, la concurrence vitale était nulle. C'est là que d'infimes noyaux, fossiles vivants, ont pu se maintenir très longtemps et pour certains, jusqu'à nos jours"

"Ils n'en ont pas conscience, mais voilà des centaines d'années qu'ils marchent. Ils sont l'écume extrême d'une tempête qui s'est levée il y a longtemps en Asie, jetant sur l'Amérique déserte là où les deux continents se rejoignent un déferlement de peuplades dont ils n'ont qu'une vision proche. Parfois la migration se fige pour cinq ou dix générations. Mais quand s'annonce à nouveau l'étranger, son odeur, sa force, sa supériorité, sa cruauté, son mépris pour ce petit peuple désolé, arriéré, faible et laid, alors ils reprennent la route vers le sud et leur mémoire reprend la route aussi, qui leur dit par la voix des anciens que leur fuite ne cessera jamais jusqu'à la mort du dernier d'entre eux. Arka! Debout! En route!"

Jean Raspail, Qui se souvient des hommes...

"Les Alakalufs étaient un des peuples les plus vieux de la terre. (...)

On suit à peu près leurs traces en Amérique par quelques gisements préhistoriques connus. Ils marchèrent ainsi pendant des centaines d'années, s'enfonçant toujours plus loin vers le sud encore désert, refoulés siècle après siècle dans les parties les plus déshéritées du continent sud-américain que personne, au moins, ne leur disputait. Arrivés au golfe de Peñas, à l'entrée du canal Messier, qui est la porte du labyrinthe maritime fuégien, ils s'arrêtèrent, et cette fois ils étaient seuls. Poursuivis depuis tant d'années, aussi longtemps que remontait leur mémoire, ils étaient tout de même loin d'être rassurés. Qui sait s'ils ne seraient pas une fois de plus chassés de là, contraints de fuir, de fuir encore? Mais où? Comment? Des montagnes infranchissables et des glaciers terrifiants leur barraient le chemin vers le sud, et tout un univers liquide qui était complètement différent de leur univers terrien ancestral.

C'est à partir de ce moment-là qu'ils accomplirent leur mutation et que ces marcheurs de terre ferme se changèrent en nomades de la mer. Cela dura peut-être mille ans..."

Jean Raspail, Adios, Tierra del Fuego