La Caverne de l’Amour éternel

« La grotte où se cache l’Ami, c’est l’amour » Rûmî 

SOMMAIRE

Éphèse - Le Retour - A propos d'Éphèse - La Maison de la Vierge

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Sept Dormants d'Ephèse

 

La Caverne des Sept Dormants est un des plus émouvants symboles du cœur (sirr), du secret du cœur (sirr al-sirr), mais aussi de ce Cœur qui est pour les chrétiens, le Cœur de Jésus. Or, le cœur est un sanctuaire, et le pèlerin de l’amour éternel peut bien choisir un de ceux que la dévotion populaire a élevés aux Sept jeunes gens de la Caverne, dont Jacques Mercanton disait: "Certains sanctuaires, et les traditions populaires qui les relient d'Orient en Occident, attestent la persistance d'une médiation cachée, à demi enfouie dans la légende, ignorée des savants, mais qui demeure vivante dans le secret des cœurs et nous murmure des confidences" Jacques Mercanton, Ceux qu'on croit sur parole, L'Aire, Lausanne, 1994, p.163.

            Pas de « retour » pour le pèlerin, si ce n’est en franchissant le seuil de la Maison de la Vierge Marie, à Éphèse, et pas de retour non plus, si ce n’est en entrant dans la Caverne des Sept Dormants, autrement dit dans le cœur.

            L’histoire des Sept Dormants d’Éphèse, ou des Gens de la Caverne, les Ahl al-Kahf selon le Saint Coran, ne doit pas être reléguée au rang des curiosités folkloriques, ni passer pour une pieuse légende, car sa symbolique particulièrement riche concerne autant l’homme en sa dimension spirituelle que l’humanité tout entière destinée à entrer, elle aussi, dans le sommeil des Sept Dormants : pour ressusciter avec eux le Jour de la sortie des tombeaux : « Écoute !... Le Jour où le crieur criera d’un endroit proche, le Jour où ils entendront en toute Vérité le Cri, ce sera le Jour de la résurrection. » (Coran, L, 41-42) !  C’est ce que nous enseigne, finalement, le miracle du réveil des Sept Dormants d’Éphèse, à nous, pèlerins sur le chemin de notre retour, dans notre pèlerinage intérieur : vers l’Orient.

             Pour avoir refusé de sacrifier aux idoles, les Sept Dormants d’Éphèse sont d’abord des Martyrs de la Foi. Parce qu’ils se sont réveillés un jour du long sommeil amoureux où Dieu les retenait, ils sont aussi des Témoins de la Résurrection. Pour s’être abandonnés à la Volonté de leur Seigneur, enfin, pour s’être laissés « bercer » par sa Miséricorde, ils appartiennent au nombre des Témoins de l’Amour Éternel.

             Leurs prières détournent de la Colère divine, ils intercèdent pour ceux qui les invoquent, chrétiens et musulmans, et les protègent au quotidien des morsures des chiens ainsi que des tempêtes en mer. Mais surtout, adolescents promis à l’éternelle Jeunesse de l’Amour, ils incarnent la fidélité amoureuse, et sont, enfin, les véritables « preux », les champions du combat pour la foi, du jihâd akbar.

 Leur Caverne reste le lieu de refuge pour certaines âmes meurtries par « les luttes de la vie » et on pense à Nerval, Baudelaire ou Edgar Poe, pour ne citer qu’eux, qu’une intuition souveraine a conduit à la recherche d’un monde où dormir inconscients, à la manière des Sept Jeunes Gens. Elle est également le terme de la quête d’un pèlerin mystique, s’exilant du monde occidental pour regagner sa patrie d’origine, ainsi que le lieu de sa seconde naissance : « La grâce divine qui octroie l’Esprit est devenue Compagnon de la Caverne. »

            Elle est, enfin, une image de ce Cœur sur lequel le disciple bien-aimé s’est reposé, lors du Dernier Repas, où il reçut la grâce d’en entendre les battements.

            C’est dans la Caverne de l’Amour éternel, où prirent refuge un jour Sept jeunes gens d’Éphèse, que bat le Cœur de Celui qui est l’Amour : « C’est Lui, l’Amour, qui s’avance au seuil de la Caverne, en découvrant sa Blessure au cœur, et qui invite le saint dormeur à quitter l’asile du sommeil, pour entrer, avec Lui, dans les jardins de la Résurrection. »