LE VOILE
Le voile musulman
sappelle hijâb, lithâm, tchador (mot persan) ou burqah, selon
quil couvre uniquement les cheveux, laissant le visage à découvert, selon
quil dissimule aussi le bas du visage, selon quil ne laisse de visible que les
yeux ou encore quil recouvre la femme des pieds à la tête, comme en Afghanistan.
Lexemple du
" voile " touche de près notre propos, car ce signe
daliénation de la femme musulmane pour la quasi totalité des Occidentaux est
paradoxalement une manière démancipation pour les jeunes musulmanes. Il est aussi,
fondamentalement, pour la Loi coranique, signe de la " modestie ", et
pour les spirituels musulmans, une image du voile qui sépare lhomme du divin.
Le voile est une affaire
dépoque, de milieu, il nest pas une obligation légale, comme
peuvent l'être la prière ou le jeûne du mois de ramadan. Il nen reste pas moins que le voile
féminin nest pas seulement un signe communautaire : " Le voile
est une question de foi, pas de tradition. Il ne nous est pas imposé, le cur seul
nous commande de le porter ".
Quoi quil en soit, lIslam contemporain a
fait du voile, comme du port de la barbe pour lhomme, un symbole profane de sa lutte
contre les mœurs occidentales.
LA FEMME Le statut de la femme
musulmane si décrié en Occident est symbolique de lincompréhension profonde qui
sest installée depuis deux ou trois générations entre les sociétés occidentales
et le monde arabo-musulman. Pour qui a fréquenté de lintérieur, si lon peut
dire, des familles musulmanes et qui a vécu parfois dans leur intimité, il est pourtant
un témoignage à apporter, même sil doit aller contre les idées reçues.
Lémancipation de la femme est
un poison venu de lOccident et qui, en Occident, a son propre antidote. Distillé en
Orient, dans les pays arabo-musulmans, il agit comme un poison mortel. Cest un fait
que si lon prétendait venir à bout de lislam, religion et
communauté, il faudrait travailler à lémancipation de la femme musulmane, au
risque de détruire le bel équilibre de la société islamique qui, quoi quon en
dise, repose sur des rapports entre lhomme et la femme empreints de mesure, de
générosité et parfois dune poésie dont le souvenir est bien oublié en Europe.
La femme musulmane, même sil convient de nuancer selon les pays et les traditions
locales, est à la fois libre et soumise, comme elle lest dans la tradition
juive et la tradition chrétienne.
Cest pourquoi le procès fait en Occident
contre le statut de la femme musulmane au nom du droit au divorce, à lavortement,
à la liberté sexuelle, est un procès nettement tendancieux.
Sans entrer dans la polémique, citons simplement
cette tradition répandue dans tout le monde arabo-musulman, selon laquelle " Le
Paradis est sous les pieds des mères ". Ce qui signifie que la femme
musulmane demeure avant tout la mère de ses enfants et quelle est honorée comme
telle. Il faudrait avoir lhonnêteté de reconnaître que ce respect aimant des
enfants à légard de leur mère, à quoi on reconnaît les musulmans, de même que
lobéissance quils doivent à leur père font écho au " Tu
honoreras ton père et ta mère " qui est enseigné aux juifs et aux chrétiens
depuis des millénaires.
FATIMA
La fille préférée du
prophète de lIslam et lépouse de Alî compte parmi les quatre femmes
parfaites, selon la tradition islamique, avec Maryam (la Vierge Marie, cf. infra),
Khadîja et Asya. Cest à ce titre - et aussi parce que Muhammad a déclaré un
jour : " Fâtima fait partie de moi-même " - quelle
est, en terre dIslam, pour les sunnites comme pour les shîites, le symbole de
la perfection féminine. Ajoutons quen Islam shîite, cest aussi en tant
que la mère des saints Imâms, Hasan et Huseyn, quelle est vénérée.
Il est regrettable quaucun de nos nouveaux
orientalistes ne se soit jamais préoccupé de cette exceptionnelle figure de femme dont
le philosophe iranien Ali Shariati dira : " Fatima is the woman that
Islam wants a woman to be ". Car, dans les banlieues aussi,
" Fatima est Fatima ", et de la même manière que, pour les
chrétiens, " Marie est la mère de Jésus-Christ ". Il est
pareillement regrettable, de ce point de vue, quil ne soit jamais question
delle dans les différentes rencontres islamo-chrétiennes. Et pourtant...
Il ny a pas si longtemps que lannonce en
Iran que les chrétiens vénéraient au Portugal, à Fatima, la fille aimée de Muhammad a
bouleversé des millions de musulmans, tandis quelle mettait dans lembarras
les chancelleries. Car lépisode nest pas seulement révélateur de la
dévotion des musulmans pour Fâtima, mais aussi dune certaine manière récente et
pourrait-on dire polémique dinterpréter les événements dès lors que personne ne
doutait jusqu'à présent - y compris parmi les pèlerins musulmans - quà Fatima,
on a de tout temps vénéré la Vierge Marie et non Fâtima la Resplendissante!
De quoi Fâtima est-elle finalement le
symbole ?
Ali Shariati a répondu longuement dans un ouvrage
fameux en Iran :
" She is a symbol in all the
various dimensions of being a woman. / The symbol of a daughter when facing her father.
/ The symbol of a wife when facing her husband. / The symbol of a mother when facing her children.
/ The symbol of a responsible, fighting woman when
facing her time and the fate of her society. "
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