A PROPOS DE JEAN MALAURIE

"Ce qui reste à fleur de ma sensibilité, c'est l'eau vive des torrents, la splendeur multiple des fleurs lors du printemps, le crissement de la banquise dérivante."

SOMMAIRE

Biobibliographie

Les Inuit

A propos de Terre Humaine

Ce qu'il dit de Wilfred Thesiger

 

 

Retour à Jean Malaurie

Photographie publiée dans L'Express du 1er juin 2000, en illustration d'un article d'Alexandra Lemasson

"A 28 ans le jeune universitaire quitte le désert saharien et se joint à l'équipe scientifique des expéditions polaires françaises de Paul-Emile Victor. Depuis, ce géomorphologue de formation, directeur des Études arctiques à l'École des hautes études en sciences sociales, a mené pas moins de 31 expéditions dans les pays du Grand Nord. Avec ses chiens comme seuls compagnons, par des températures frôlant les - 40 degrés, il a sillonné les terres inhospitalières du Groenland, de la Sibérie et de l'Alaska."

Alexandra Lemasson

 

Jean Malaurie

Jean Malaurie à Shishmaref (détroit de Béring)

Photographie publiée dans l'Express du 30 septembre 1999, en illustration de l'article de Michel Crépu, "Malaurie, roi de la banquise"

"Le Nord l'aura finalement emporté en lui sur le Sud, mais le silence y est de la même densité, l'abîme de la mémoire identique. Il y a du stylite sur sa colonne brûlante chez cet arpenteur du néant glaciaire. Un ermite qui écoute les chiens hurler devant des icebergs hauts comme l'Empire State Building et dîne d'un d'un cuissot d'ours blanc à la lueur d'une maigre bougie. Nous sommes à la fois chez Jack London et les anciens chroniqueurs de l'Islande médiévale. En réalité, Jean Malaurie se montre ici le frère en ethnologie d'un John Cowper Powys, panthéiste sauvage et vieux puritain de granit ; homme de savoir et de fureur, une sorte de romantique en acte, à la hache, plutôt que rêveur en chambre : aussi démesuré, aussi peu regardant à la dépense, en contact avec la culture et les éléments de la civilisation dans la mesure où ceux-ci mettent en relation avec les grands points cardinaux de l'esprit, les mythes et les légendes où la société humaine se figure et se déchiffre depuis la nuit des temps."

Michel Crépu

"Je me suis attaché aux peuples premiers parce que j'ai horreur des dogmes de l'Occident, des grands mots en "ismes", comme fascisme ou communisme", dit à l'AFP celui qui est aujourd'hui directeur émérite de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). 

    Jean Malaurie a passé dix ans de sa vie dans l'Arctique en trente missions. "Je suis nomade, je flaire, je note tout, puis je deviens sédentaire, citoyen parmi d'autres, vêtu d'une peau de bête. Je mange comme eux, je n'ai d'ailleurs jamais attrapé de maladies", précise-t-il. 

    Il explique "s'être attaché au chamanisme", cette croyance aux esprits et en certaines pratiques divinatoires. "Il m'est parfois impossible de faire comprendre que ces peuples ont une pensée égale à la nôtre", dit-il en soulignant que le Malien qui balaye ma rue a une bibliothèque dans sa tête". "Le sacré me touche et ces peuples sont affamés de sacré mais n'ont pas l'outrecuidance de la transformer en dogme", poursuit-il.

    Pour montrer au profane la terrible solitude de l'Arctique, Jean Malaurie quitte sa chaise en dépliant sa grande carcasse. Il imite alors le chasseur d'ours, à demi-courbé sur son traîneau, scrutant, les yeux plissés, un horizon sans fin, fait "d'immenses déserts que notre rage de conquérant menace dans son intégrité". AFP, 7 octobre 99

LES COUPS DE CŒURS DE JEAN MALAURIE

Bernanos

"Sur le mur de son appartement, une photographie de l'écrivain et une phrase écrite de sa main : "Quand l'homme s'est proposé le plaisir pour fin, il commence par se fuir. La volupté est d'abord une évasion." "L'homme que j'aurais aimé rencontrer, explique Malaurie, c'est celui des Grands Cimetières sous la lune. Ce n'est pas un homme installé, mais un être qui a le sens de la grandeur, qui est en recherche, susceptible de demeurer éveillé à 3 heures du matin pour se demander : "Qui suis-je?"

Les pastels qu'il réalise

"Je suis encore très débutant : j'ai commencé il y a très peu d'années, lors d'un séjour à Thulé. C'était très difficile : l'eau, la glace, la lumière qui change tout le temps... Les Inuit me regardaient faire de loin ; Je suis très timide avec eux, et ce n'est qu'au bout de dix jours que je suis allé dans leur igloo pour leur montrer le résultat. Et dans leurs yeux, j'ai lu qu'ils se disaient: il a osé, c'est bien. Eux, ce sont des tachistes, il y a du Turner, du Nicolas de Staël en eux. C'est étrange, ce qui se passe alors : j'ai des idées, je compose, mais cela vient peu à peu, au bout des doigts. C'est une activité très sensuelle."

Bonaparte en Égypte

"Ce n'est pas de Napoléon qu'il s'agit, mais bien de Bonaparte, de l'homme de l'An II, sur le pont de son bateau, à la tête de sa flotte de 200 navires partis pour l'Égypte avec, à leur bord, des chercheurs, des écrivains, des scientifiques... Au total, un tiers de toute l'intelligence française, susceptible de disparaître d'un seul coup au fond des eaux"

Un article de Nathalie Crom, La Croix, 2-3 octobre 1999