APERÇUS BIOGRAPHIQUES

Frithjof Schuon est né à Bâle en 1907 et mort à Bloomington (U.S.A) en 1998

 

Sommaire

 

Mots clefs : Religio perennis ; Marie/Maryam ; René Guénon

A propos des "Mystères christiques" de Frithjof Schuon

 

 

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Au lieu de « Cœur », nous pourrions dire aussi « Amour » ; (…) et c’est d’ailleurs dans cet Amour que la spiritualité du Christianisme et celle de l’Islam se rencontrent : car dès que les effluves de l’Essence entrent dans le cœur, celui-ci se situe au-delà de l’ordre formel et est devenu capable de deviner les intentions divines de toutes les formes, et par conséquent de percevoir l’Unité dans la diversité.

 

 

 

 

 

 

 

Pour une approche bio-bibliographique complète, voir Jean-Baptiste Aymard, dans "Connaissance et voie d'intériorité. Approche biographique", Connaissance des Religions, Hors série, 1999 ainsi que, du même auteur : « Un portrait spirituel », Frithjof Schuon, Dossier H, L'Age d'homme, 2002

Points singuliers sur sa courbe de vie

           « Je désirais vivre en Dieu, je ne voulais pas seulement aimer Dieu, je voulais aussi Le connaître, et le christianisme de notre époque n’enseigne que l’amour de Dieu, et en aucune manière la connaissance. J’appris bien vite que Dieu allait me charger d’une mission. Et je trouvais cette connaissance sacrée, cette connaissance de Dieu que je cherchais – parce que c’est un besoin de ma nature, et que Dieu veut être adoré par chaque homme selon la nature qu’Il lui a donnée – grâce à un saint homme du peuple arabe, dont le nom était Ahmed al-Alawî. C’était un Maître spirituel et il avait de nombreux disciples. Je trouvai là ce que je cherchais : la connaissance de Dieu, et les moyens de réaliser Dieu » (1947, cité par Jean-Baptiste Aymard).          

Aïssa Nûr el-din Ahmed

            Comme René Guénon, Schuon sera initié dans l’ésotérisme islamique, en 1932, et prendra le nom de Aïssa (= Jésus) Nûr el-din (= Lumière de la Tradition) Ahmed (= Mohammed). Naturellement, il ne s’agit pas, pas plus que pour René Guénon, en 1912, d’une conversion, au sens exotérique du terme : « On peut passer d’une forme traditionnelle à une autre sans être converti ». L’essentiel ici est que Schuon soit devenu à Mostaganem, par son initiation, le disciple du cheikh Ahmed al-Alawi. La différence fondamentale avec Guénon reste que ce dernier n’avait pas pour fonction de devenir un maître spirituel comme ce sera le cas pour Schuon.  

Le 11 juillet 1934, à Paris, un an après son initiation auprès du sheikh Ahmad al-Alawi, à Mostaganem, Frithjof Schuon connaîtra sa « Visitation de l’Étranger ». Ce jour-là, en effet, « il a le sentiment que le Nom divin s’actualise en lui avec une résonance et une intensité bouleversante. Il dira plus tard que le Nom « avait fondu sur lui comme l’aigle sur sa proie». Cette Présence lui reste sensible durant trois jours. Lors d’une promenade sur les quais de la Seine, il a le sentiment que tout est « transparent, diaphane, infini ». Or, il apprendra bientôt, intersigne saisissant, aurait dit Massignon, que le sheikh al-Alawi est mort le 11 juillet 1934. Deux ans plus tard, il est prévenu, de manière tout aussi surnaturelle, de son investiture à la fonction de sheikh : il adoptera alors le nom de sheikh Aïssa.

« Fondamentalement, tout amour est une recherche de l’Essence ou du paradis perdu »

 Dans le même temps, de 1933 à 1942, Schuon va faire l’expérience de l’amour humain et divin. Cette expérience qui est connue des fidèles d’amour et que l’on retrouve chez un Dante, un Novalis ou encore chez Ibn ‘Arabî. C’est ainsi que le 27 décembre 1942, il connaîtra une nouvelle expérience spirituelle, une nouvelle motion de l’Esprit, à propos de l’invocation du Nom de Dieu – « La rencontre entre le Nom et le cœur est tout ; le Nom dans le cœur, le cœur dans le Nom » (cité par Jean-Baptiste Aymard). Il est très évident que cette « illumination » s’inscrit dans l’ordre de la fidélité d’amour, comme une étape de l’expérience commune à tous les fedeli d’amore. C’est même à ce moment précis que Schuon est devenu un fidèle d’amour : « Les mêmes symboles ne s’appliquent-ils pas à des niveaux différents ? Si j’ai prié pour obtenir la bien-aimée, n’ai-je pas prié sans le savoir, pour obtenir cette grande illumination dont mon amie n’est qu’une image terrestre ? Et si j’ai tant aimé mon amie, n’est-ce pas inconsciemment pour cette dernière raison ? ». Mais, naturellement, il s’agit moins ici d’une appartenance à l’ordre ancien et désormais « occulté » des fedeli d’amore que d’une expérience spirituelle qui s’y rapporte et lui confère la dignité de fidèle d’amour.

« A propos de la spiritualité indienne »

C’est en 1959, à l’âge de 52 ans, que Frithjof Schuon se rendra pour la première fois en Amérique, auprès de ces Peaux-rouges avec qui il entretiendra des rapports privilégiés (en fait, dès 1953, il avait fait la connaissance, à Paris, de Thomas Yellowtail). Frithjof Schuon ainsi que sa femme Catherine seront d’ailleurs adoptés à deux reprises par des tribus sioux, à Pine Ridge et chez les sioux Lakota. Ces derniers les feront participer, en 1959, à une Danse du Soleil, et leur donneront des noms : Wicahpi Wiyakpa (Etoile brillante), Wambli Ohitika (Aigle courageux), et Wowan Winyan (Femme artiste). L’Amérique est alors devenue sa patrie d’adoption et c’est sans doute ce qui explique qu’en septembre 1980, Schuon quittera l’Europe – comme Guénon l’avait fait pour l’Égypte – et s’installera définitivement dans l’Indiana, précisément à Bloomington. De son expérience indienne, Schuon retient que « la culture peau-rouge est fondée sur le non-écrit, la sagesse de la libre nature sortie des mains de Dieu, entièrement non-théologique » : « Le monde indien, dira-t-il, signifie d’abord et avant tout la lecture de la doctrine primordiale dans les phénomènes de la nature – chaque homme lit ce qu’il peut comprendre – puis la perception de la nature comme demeure primordiale et sacrée manifestant partout le Grand Esprit et partout emplie de lui ; cette conscience confère à l’homme rouge sa dignité, constituée de respect pour la nature et de domination de soi » (1997).