En considérant l'histoire de la célèbre rencontre entre le prophète Salomon et Bilqis,
reine du Yémen, d'un point de vue "maçonnique", Nerval prend ses distances
avec la tradition hébraïque et le Coran. Dans la version nervalienne, en effet, trois
personnages se disputent la vedette : Salomon lui-même, la reine des sabéens et Adoniram, l'architecte du Temple. Le premier symbolise la religion
abrahamique,
monothéiste et patriarcale, la seconde la magie, le matriarcat et le troisième
appartient à la race des caïnites, des forgerons rebelles. Il y aura, d'une part
l'affrontement entre Salomon et la reine - d'autre part, l'amour entre Bilqis et
Adoniram.
lors de la rencontre entre les deux premiers, l'avantage revient à la reine de Saba qui
triomphe, par son ironie, de la sagesse de Salomon; Adoniram, lui, viendra à bout de la
conspiration d'ouvriers félons pour accomplir, avec l'aide de Tubal-Caïn, son grande
uvre, - et avant de découvrir l'amour en la personne de Bilqis : "Balqis, esprit de lumière, ma sur, mon épouse, enfin, je vous ai
trouvée."
Salomon prétendait, en effet, séduire la reine
qui se laissa surprendre jusqu'au moment où la huppe (Hud-Hud) lui désigna Adoniram
comme son époux. l'architecte sera toutefois assassiné par ces mêmes ouvriers qui
avaient tenté de détruire son uvre - et la reine de Saba retournera seule dans son
pays.
Photos : ©Jean Moncelon |