Une fois encore, nous accueillons la fête de Noël et sa joie, au milieu
des mêmes épreuves qui continuent, une année après l’autre. Malgré cela,
au milieu de l’épreuve, à Noël, nous voulons écouter l’ange dire aux
pasteurs de Bethléem et à nous: “Ne craignez pas. Voici que je vous
annonce une grande joie: un Sauveur vous est né” (Lc 2,10-11).
Dans cette terre, les chefs disent paix, et ils font la guerre. La parole
du prophète s’applique bien à notre temps: “Ils égarent mon peuple en
disant ‘Paix’ alors qu’il n’y a pas de paix” (Ez 13,10; Jer 6,14). Notre
vie continue en effet à être soumise à l’occupation, à la violence, à
l’humiliation de la personne humaine, à la peur et à l’insécurité. Alors
que nous prions et nous méditons le mystère de Noël, nous disons qu’il
faut que tout cela change. Car ce n’est pas pour cela que Dieu nous a
créés à son image et à sa ressemblance, ce n’est pas pour cela qu’il nous
a donné notre liberté et notre dignité, et ce n’est pas pour cela non plus
qu’il a voulu que nous vivions dans cette terre sainte. Dieu nous a voulu
ici, dans cette terre sainte, pour être frères et soeurs, les uns pour les
autres, pour être source de paix et de justice les uns pour les autres, et
pour collaborer ensemble afin d’écarter toute oppression et tout mal de
notre vie.
C’est pourquoi le message de Noël est d’abord un message d’espérance et de
force spirituelle qui s’oppose à toute force matérielle. C’est un message
d’espérance et de force spirituelle malgré tous les obstacles qui se
dressent face à la paix . En vérité, nul ne veut la guerre et le sang, ni
les Israéliens ni les Palestiniens. Les Israéliens veulent leur sécurité
et les Palestiniens leur terre et leur liberté. De plus, les lieux saints,
théâtre de notre vie quotidienne et de notre lutte sanglante, ne sont pas
des lieux de mort et de haine, ce sont des lieux saints, i.e. des lieux
dans lesquels nous nous mettons en présence de Dieu, afin d’y rencontrer
Dieu, et tous les enfants de Dieu, de quelque nationalité ou religion
qu’ils soient. Le lieu saint est un lieu de prière et non un lieu de
guerre, et Dieu dit à tous ceux qui contredisent cela: “Ma maison sera
appelée maison de prière; et vous, vous en faites un repaire de brigands”
(Mt 21,13).
Mais pour parvenir à la paix, il faut
croire que l’autre est capable de vouloir la paix et de la construire avec
nous. Les gouvernants doivent commencer par admettre cela. Les voix qui
s’élèvent parmi les rangs du peuple et les diverses initiatives qui
invitent à la paix et au changement de l’attitude officielle, disent que
les deux peuples veulent la paix et que la paix est possible. Le mur de
séparation qui est en train de se construire est une mesure qui éloigne la
paix et la renvoie jusqu’à ce que ce même mur tombe, et avec lui tombent
les rancunes dans les coeurs, et cesse l’effusion du sang, et que tous
redisent avec le psalmiste: “Affranchis-moi du sang, Dieu de mon salut, et
ma langue acclamera tu justice” (Ps 50,16).
“Ne craignez pas. Voici que je vous annonce une grande joie: un Sauveur
vous est né” (Lc 2,10-11). Tel est notre message au milieu de l’épreuve et
de la peur. Noël renouvelle notre foi en Dieu et en son mystère dans notre
terre, et renouvelle notre amour les uns pour les autres. Prions et
réjouissons-nous. Nous demandons à Dieu de remplir de sa joie la ville de
Bethléem et tous les habitants de la Terre Sainte. Que sa grâce réjouisse
nos coeurs et toutes nos familles, et leur accorde une vie nouvelle, une
patience renouvelée, avec l’amour et la force de l’Esprit.
Joyeuse et sainte fête de Noël.
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