"Décrire le cours de ce monde, tel qu'en
24 années il sera parcouru, c'est affligeant assez, car l'homme s'est fait
lui-même si rapace et tellement s'est lui-même séduit et abusé qu'il ne
peut plus être possible que ses jours soient écourtés, et cela parce que
l'homme a tellement oublié Dieu son Maître et ne vit plus nullement selon
Lui. Voilà donc la raison qui oblige à scruter le mystère, lequel
est désigné sous des signes dans le soleil, la lune et les étoiles.
Et de même, à considérer la misère des peuples sur la terre, qui
s'accablent l'un l'autre, car pas un qui n'envie à l'autre son soleil"
"Seul un unique nombre
existe, en lequel nous devons être et aller sur la terre. C'est UN, et
plus, nous ne devons pas compter. La Divinité a trois, mais se résolvent
les trois en Un. Nous donc les hommes, quand Dieu en nombre se fait Un, de
même devons-nous, les hommes sur la terre, nous vouer semblablement à l'UN
et dans ce même UN nous devons être. C'est en ce nombre que sont la
quiétude et la paix, et dans point d'autres plus. Car qui calcule et pose
un nombre et s'il compte pardessus un, combien sont donc les têtes (qui
commandent) et le nombre est grand de combien ? C'est là notre misère et
le ver qui nous ronge.
Combien heureux et bon
est-il, pour nous, d'évoluer dans l'UN ; le ciel a de même son cours
physique dans ce nombre, la terre et toutes choses. Quand au contraire
cela n'est pas, alors des signes se font dans le -soleil, la lune, les
étoiles, justes à remontrer, mais cela n'est pas tout, et quoi que les
signes indiquent, la détresse n'en est pas moins là, qui commence.
Celui-là est heureux alors qui n'est point assis sur le siège de
pestilence." LE CERF GISANT (1968-1992)
Dix-neuvième figure
"Tu sautes dans ton jardin
et tu te plais énormément. Mais à te dispenser de sagesse et suivre ton
plaisir, avec tes bonds déréglés cela finira mal, c'est pourquoi il en ira
pour toi comme te voilà gisant, et ceux qui devraient être ton repos, ils
vont t'inciter et te pousser à de nouveaux bonds. Mais toi pense à
toi-même et songe que toutes choses humaines sont vanité, tel tu seras
tout changé en toi-même et du désastre préservé, auquel chaque jour tu vas
te précipitant. Souviens-toi que l'orgueil impudent, la règle mauvaise,
jamais ne font une bonne fin. L'ERMITE (1992-2016)
Vingtième figure
"Une
chose ne tient droite debout, qu'autant qu'on la peut maintenir. Or
l'homme, ce qu'il érige seul, cela doit à son temps tomber du plus haut au
plus bas. Ainsi l'homme, sa sagesse, il la déposera contre terre et l’y
enterrera, là d'où elle est venue, et à une autre il cédera. Car la
prudence humaine en aucun cas ne peut durer, elle est semblable à la fleur
des champs, toute charmante et qui te plaît parfaitement. Mais la fleur ne
reste point, et beaucoup moins encore la prudence des hommes. Le temps,
dit-on, porte les roses; il les flétrit de même aussi. Semblablement
en ira-t-il pour toi, puisque tu n'es que par toi seul"
> Prophéties de Paracelse,
Le Rocher, 1983 |