"Vous
êtes le franc-tireur, l'enfant perdu, qui
ravivez chez moi le désir d'évasion hors du monde"
Louis Massignon

"Nous vivons au temps des imposteurs. La vie humaine
et la dignité de l'homme n'ont peut-être jamais eu aussi peu de prix. Le
droit à la liberté et à la patrie est dénié aux Viêtnamiens comme aux
Arabes palestiniens. L'Islâm est là cependant, pour nous rappeler le
sens abrahamique de l'hôte, et cette parole donnée dont Louis Massignon
avait fait l'axe de sa vie."
"C'est
de notre civilisation, de notre culture commune, de l'héritage commun de la Grèce,
transmis et revivifié par les Arabes, qu'il s'agit, en fin de compte. Il n'y a pas
opposition en l'Europe et l'Orient arabe, mais filiation complémentaire."
27 février 2005
Vincent-Mansûr Monteil est mort le 27 février dernier à
Paris. Avec lui disparaît un "soldat de fortune" comme
il disait de lui-même, mais surtout un homme de courage
et d'une remarquable générosité.
La presse est restée très discrète sur cette
disparition, si l'on excepte un bel article de Malek
Cheleb, paru dans Le Monde, le 3 mars :
« Il est donc mort le
professeur inspiré, le poète shirazien, l'ami fidèle.
Celui qui se convertira à l'islam sous le nom de
Vincent-Mansour Monteil, et qui, des années durant,
traversera le monde arabe et les pays d'islam, d'abord
sous les couleurs de l'armée française, puis en tant que
chercheur infatigable, a été l'un des savants les plus
féconds de sa discipline et un des plus pudiques. »
Je n'ajouterai personnellement qu'une chose à cet
hommage, à propos d'un
« sceau en cristal de roche » dont Malek Chaleb parle
comme du secret de la conversion de Vincent-Mansûr
Monteil. Or, ce sceau existe. Louis Massignon l'avait
reçu en Iraq, en 1908, de la part de la famille Alussy,
chez qui il avait connu pour la première fois
l'hospitalité arabe. Elle y avait fait graver 'Abduhu,
"Son esclave".
Louis Massignon
l'avait légué à
Vincent-Mansûr Monteil
avant sa mort.
Parmi les
documents inestimables de son appartement de la rue
Jacob, c'est la première chose que celui-ci avait voulu
me montrer, au nom de notre admiration commune pour "le
dernier des orientalistes", à qui il avait consacré une
admirable biographie : Le linceul de feu, en
1987. |