> Forum méhariste de Saint Poncy (Cantal)

juillet 1999  

Documents

Trois lettres de Louis Massignon à Théodore Monod   
Colloque Louis Massignon (1990)
Témoignage sur Louis Massignon (1990)
Correspondance (1990)
 

 

Retour à Théodore Monod

"On voudrait toujours que le monde devienne meilleur, mais ce n'est pas le changement de millénaire qui va modifier le caractère humaine. Pour le Sahara, je souhaite seulement une chose: que les gens, en particulier les touristes apprennent à le respecter. Il faudrait toujours entrer dans le désert comme en religion, sur la pointe des pieds."

"Vous voyez cette petite pierre verte?... Cela ressemble à du verre, en provenance de Libye. On pense que c'est un corps céleste, peut-être une météorite qui, en tombant dans le désert aurait vitrifié ainsi les couches locales. Je retourne tous les ans dans ce coin afin de m'en assurer. Peut-être qu'en trouvant des pierres avec des inclusions, ou si l'on fait des recherches de carbone, on parviendra à résoudre cette énigme. Il ne faut pas se presser de conclure. Je ne verrai sans doute pas la fin de l'étude car, à mon âge, il est temps de passer sur l'autre rive..."

"Ma devise, c'est un continent par existence. J'ai passé cette vie en Afrique où je me suis laissé tenté par beaucoup de choses. Au départ, j'étais zoologiste, mais en suivant les dunes, j'ai fini par récolter de tout : des fossiles, des plantes... Cela m'a conduit à devenir un peu botaniste, géologue, ethnologue, archéologue. J'aurais sans doute pu mieux faire. Cependant, je laisse un trace de tout cela :ma bibliographie comprend plus de 1200 titres d'articles différents!"

"J'étais âgé d'une vingtaine d'années lorsque le Muséum d'histoire naturelle m'a envoyé, pour ma première mission en Mauritanie. J'étais venu pour étudier les poissons et la pêche. Sur cette côte, je contemplais tous les jours un désert liquide, l'Atlantique. Mais je savais qu'il en existait un autre, derrière, fait de sable et de cailloux. Je désirais passionnément m'y rendre, mais je ne pouvais pas. C'est seulement à la fin de mon séjour que j'ai décidé, avec un officier colonial, de prendre des chameaux pour traverser l'espace de la Mauritanie jusqu'au Sénégal. On était mal outillé, ma selle était trop petite, mais on l'a fait quand même! Ensuite, j'ai profité de toutes les occasions pour pénétrer dans d'autres domaines désertiques."