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"C'était, sans conteste, bin
Ghabaisha le plus compétent de tous. Doux, souriant, je le sentais capable d'être aussi
impitoyable que téméraire; ainsi je ne fus guère surpris d'apprendre, deux ans plus
tard, qu'il était engagé dans au moins une demi-douzaine de guerres à mort avec
diverses tribus et l'un des hors-la-loi les plus redoutés de toute la Côte des
Pirates."
"Le jeune homme était vêtu d'un morceau
d'étoffe bleue dont il s'était entouré la taille et dont il avait jeté un pan
par-dessus son épaule droite; sa chevelure sombre lui tombait comme une crinière sur
les épaules. Son visage était d'une beauté classique, pensif et un peu triste au repos,
mais qui, dès qu'il souriait, s'illuminait comme un lac au soleil. C'est ainsi
qu'Antinoüs dut apparaître à Hadrien lorsque celui-ci le vit pour la première fois
dans les bois de Phrygie. Le jeune homme se déplaçait avec grâce et aisance, de cette
démarche qu'ont les femmes habituées dès l'enfance à porter des récipients sur leurs
têtes. Un étranger aurait pu penser que son corps souple et lisse serait incapable de
supporter les rigueurs du désert ; pourtant, je savais combien était trompeuse
l'impression de fragilité que donnaient ces Bédouins aux allures efféminées. Il me dit
qu'il s'appelait Salim bin Ghabaisha et me demanda de l'emmener. Bin Kabina me pria
instamment de le laisser se joindre à nous : c'était le meilleur tireur de la
tribu..."
Le Désert des Déserts
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