« Il est
nécessaire que l’être humain par qui Jésus fut reçu soit
une vierge. Vierge, c’est-à-dire un être humain qui soit
dégagé de toutes images étrangères, aussi dégagé qu’il
l’était alors qu’il n’était pas »
« Si l’être
humain était toujours vierge, il ne produirait aucun
fruit. Pour qu’il soit fécond, il est nécessaire qu’il
soit femme. « Femme » est le mot le plus noble que l’on
puisse attribuer à l’âme, bien plus noble que vierge.
Que l’être humain accueille Dieu en soi, c’est bien, et
dans cet accueil, il est vierge. Mais Dieu devienne en
lui fécond, c’est mieux, car la fécondité du don est
seule la reconnaissance pour le don et alors l’esprit
est femme dans la reconnaissance qui, à son tour,
enfante Jésus en retour dans le cœur paternel de Dieu.»
« Une vierge qui est
une femme, libre, sans lien, sans attachement, est en
tout temps également proche de Dieu et d’elle-même »
« J’ai déjà dit souvent
aussi qu’il est dans l’âme une puissance qui ne touche
ni au temps ni à la chair ; elle flue de l’esprit et
demeure dans l’esprit, elle est absolument spirituelle.
Dans cette puissance Dieu verdoie et fleurit absolument
dans toute la joie et tout l’honneur qu’il est en
lui-même. »
« Il existe encore une
puissance qui est également incorporelle, elle flue de
l’esprit et demeure dans l’esprit, elle est absolument
spirituelle. Dans cette puissance Dieu arde et brûle
sans cesse avec toute sa richesse, avec toute sa douceur
et avec toutes ses délices. »
« Comme je
l'ai dit au début de notre sermon : « Jésus monta dans
un petit château fort et y fut reçu par une personne
vierge qui était une femme. » Pourquoi? Il était
absolument nécessaire qu'elle fût une vierge et aussi
une femme. Or je vous ai dit que Jésus fut reçu, mais je
ne vous ai pas dit ce qu'est le petit château fort. Je
veux donc en parler maintenant.
J'ai dit
parfois qu'il est dans l'esprit une puissance qui seule
est libre. Parfois j'ai dit que c'est une garde de
l'esprit, parfois j'ai dit que c'est une lumière de
l'esprit, parfois j'ai dit que c'est une petite
étincelle, mais maintenant je dis : ce n'est ni ceci ni
cela, cependant c'est un quelque chose qui est plus
élevé au-dessus de ceci et de cela que le ciel ne l'est
de la terre. C'est pourquoi je le nomme maintenant d'une
manière plus noble que je ne l'ai jamais nommé, et
cependant il dénie aussi bien la noblesse que le mode et
il est bien au-dessus. Il est libre de tous noms,
dépourvu de toutes formes, absolument dégagé et libre,
comme Dieu est dégagé et libre en lui-même. Il est aussi
absolument un et simple que Dieu est un et simple, de
sorte que l'on n'est capable selon aucun mode d'y
regarder. Cette même puissance dont j'ai parlé, dans
laquelle Dieu fleurit et verdoie avec toute sa
divinité. »
« Si Dieu doit jamais
le pénétrer de son regard, cela lui coûtera tous ses
noms divins et la propriété de ses personnes. Il lui
faut les laisser toutes à l’extérieur pour que son
regard y pénètre. Il faut qu’il soit l’Un dans sa
simplicité, sans aucun mode ni propriété, là où il n’est
en ce sens ni Père ni Fils ni Saint Esprit, et où il est
cependant un quelque chose qui n’est ni ceci ni cela. »
« Voyez : selon qu’il
est Un et simple, il vient dans cet un que je nomme un
petit château fort dans l’âme, autrement il n’y pénètre
d’aucune manière, ainsi seulement il y pénètre et y
demeure. Par cette partie d’elle-même, l’âme est
semblable à Dieu, et non autrement. Ce que je vous ai
dit là est vrai, je vous en donne la vérité comme témoin
et mon âme comme gage. »
Traduction Jeanne
Ancelet-Hustache |