GALERIE 2005

DRESDE, 13-14 février 2005 

"Billy avait assisté au plus grand massacre de l'histoire européenne, le bombardement et l'incendie de Dresde."

"Quand les Américains et leurs gardes revinrent à la surface, la fumée noircissait le ciel. Le soleil était une une petite tête d'épingle rageuse. Dresde rappelait la Lune, un paysage exclusivement minéral. Les pierres étaient bouillantes. Personne d'autre n'en avait réchappé dans le voisinage."

"Les Américains ont maintenant découvert Dresde, constatait Rumfoord vingt-trois ans après le bombardement. Beaucoup d'entre eux se rendent compte que ce fut bien pire qu'Hiroshima."

Kurt Vonnegut, Abattoir 5, Le Seuil

©Jean Moncelon, 2004

 

Deux témoignages

« D’une altitude de 20 000 pieds, Dresde apparaissait comme une ville où toutes les rues étaient gravées en lignes de feu. »

« Il y avait une mer de feu recouvrant, à mon avis, à peu près 65 km carrés. On pouvait sentir dans ma carlingue la chaleur qui s’exhalait du brasier. Le ciel avait d’éclatantes teintes écarlates et blanches et la lumière à l’intérieur de l’appareil était celle d’un étrange coucher de soleil d’automne. Nous étions tellement médusés par le spectacle de la terrifiante fournaise que, bien que nous fussions seuls au-dessus de la ville, nous en fîmes le tour pendant de nombreuses minutes avant de reprendre le chemin du retour, subjugués par l’horreur que nous imaginions en dessous. Nous pouvions encore voir la lumière de l’holocauste trente minutes après avoir quitté les lieux »

Cités par David Irving, La destruction de Dresde, Robert Laffont, 1964

 

In memoriam

13-14 février 1945

"Fin février 1945, 800 000, peut-être un million de personnes, se trouvaient à Dresde. 640 000 d'entres elles étaient ses habitants, les autres des réfugiés. Les deux groupes perdirent au total 40 000 personnes dans le raid aérien des 13 et 14 février.

Les villes petites et moyennes, au centre historique resserré, étaient susceptibles de subir une tempête de feu. Et seul le feu garantissait une zone de mort.

Le groupe de bombardiers n°5, devenu expert en matière de destruction de précision, dirigea l'opération de Dresde. L'opération Thunderclap fut réalisée sur une ville si éloignée et présentant si peu d'intérêt pour la guerre qu'on l'avait ignorée pendant quatre ans et demi.

Contrairement à ce qui se passa à Hambourg et Kassel, ce n'est pas par hasard qu'il y eut des dizaines de milliers de morts, ce fut voulu.

Harris opta donc pour la méthode du double raid testée à Duisburg, Cologne et Sarrebruck. Il ne double pas, il multiplie plusieurs fois les destructions parce qu'il frappe alors que, soulagée, la population se croit hors de danger. Quatre-vingt-dix minutes après la fin de l'alerte, les habitants de Dresde eurent juste le temps de se traîner dans le Grand Jardin et sur les bords de l'Elbe, lorsque l'alerte retentit à nouveau, dans les faubourgs du moins, car les installations du centre-ville ne fonctionnaient plus. C'est sur de tels défauts que compte le "double blow" [le "coup double"] pour augmenter les pertes humaines."

Jörg Friedrich, L'incendie, L'Allemagne sous les bombes, 1940-1945, Éditions de Fallois, 2004.

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