HENRY CORBIN

Le pèlerin venu d’Iran

Conférence du 26 janvier 2002 : Henry Corbin, orientaliste et iraniste

Conférence du 4 avril 2003 : Henry Corbin et la religion des Fidèles d'amour

 

 

 

Toulouse, 29 novembre 2003

 

  

 

 

 

Retour à Henry Corbin

« La « tradition » n’est pas un cortège funèbre, mais pour ne pas en prendre l’apparence, il faut qu’elle soit perpétuelle renaissance ; aussi bien n’est-il point d’initiation à la philosophie traditionnelle qui n’implique pas une nouvelle naissance spirituelle, et c’est sans doute ce qu’éprouvent les jeunes Iraniens qui de nos jours s’intéressent à cette renaissance »

 

 

 

 

Pour ne parler que de la géographie physique, Henry Corbin aura été l’homme de plusieurs patries, à savoir la France où il est né en 1903, mais aussi l’Allemagne où il accomplira de nombreux séjours dans sa jeunesse et, naturellement, l’Iran, le pays d’une « nouvelle naissance spirituelle » qui lui fera se consacrer pour le reste de son existence à ce qu’il a nommé l’Islam iranien : « C’est ainsi, dira-t-il, que l’Iran et l’Allemagne furent les points de repères géographiques d’une Quête qui se poursuivait en fait dans les régions spirituelles qui ne sont pas sur nos cartes ». Ceci pour la géographie physique, car nous savons qu’en terme de géographie spirituelle, effectivement, Henry Corbin avait pour vraie et unique patrie, comme tout gnostique, comme tout « exilé » en ce monde terrestre, le Monde de l’Ange, l’Orient mystique, le mundus imaginalis.

 De l’Islam iranien à Eranos

           Cependant, pour en revenir à la géographie physique, il faut compter aussi parmi les « points de repère » de sa Quête, une commune du Tessin, en Suisse, sur les bords du lac Majeur : Ascona, et plus précisément encore, une élégante villa, la Casa Eranos où chaque année, de 1949 à sa mort, en 1978, Henry Corbin nouera des liens fraternels avec des hommes de science, des chercheurs, mais qui furent aussi des hommes spirituels, comme lui : « Les sessions d’Eranos furent l’occasion de maintes rencontres mémorables et durables », dira-t-il à ce sujet.

 Parmi ces rencontres, il convient de citer, en premier, celle de Carl Gustav Jung : « C’est « en Eranos », écrira Henry Corbin, que le pèlerin venu d’Iran devait rencontrer celui qui par sa « Réponse à Job » lui fit comprendre la réponse qu’il rapportait en lui-même de l’Iran, le chemin vers l’éternelle Sophia ». Mais d’autres noms sont à retenir, ceux d’Adolf Portmann, qui fut un des directeurs d’Eranos, du spécialiste de la Kabbale, Gershom Scholem, et surtout du théologien Ernst Benz. A son tour Henry Corbin introduira à Eranos, au fil des années, d’autres conférenciers, par exemple, Gilbert Durand. A ces noms, il faut ajouter encore ceux de Martin Buber, de Mircea Eliade, de l’orientaliste Louis Massignon, du spécialiste de la gnose Henri-Charles Puech, de l’essayiste Denis de Rougemont, etc. « Comment les nommer tous ? » se demandait Henry Corbin. Cependant, il est essentiel de bien se représenter que parmi les quelque 180 conférenciers qui se sont succédé à Eranos, depuis 1933, un petit nombre seulement en a réalisé l’idéal, comme l’expliquera Henry Corbin : « Il y a ceux qui n’ont fait qu’y passer, un an, deux ans, sans plus, parce qu’un indice indéfinissable, mystérieux, avertissait que ni leur nature ni leur comportement ne réussissaient à s’harmoniser avec une finalité elle-même difficilement définissable. En revanche, il y eut le petit groupe de ceux qui d’année en année devinrent, sans l’avoir en rien prémédité, le support du concept d’Eranos ». C’est un concept que l’on pourrait résumer ainsi, à la suite de Henry Corbin : Tout en les exerçant à dominer le champ de leur spécialité, car elles s’adressaient effectivement à des spécialistes, les Conférences d’Eranos entraînaient ceux-ci à une liberté spirituelle intégrale : « Chacun découvrait peu à peu et laissait parler le tréfonds de lui-même », dira-t-il à ce propos, et il ajoutait : « Cet entraînement à être franchement et intégralement soi-même devient une habitude que l’on ne perd plus, dût-elle parfois être périlleuse en sa rareté. » Enfin, en même temps que ce concept, il a existé un « temps » d’Eranos : « On n’expliquera pas Eranos en disant que ce fut un phénomène « bien de son temps », c’est-à-dire du temps de tout le monde (…). Il ne semble pas du tout qu’Eranos ait jamais eu le souci « d’être de son temps ». Ce à quoi en revanche, il aura peut-être réussi, c’est à être son temps, son propre temps ». Le temps d’Eranos, c’est le « temps chevaleresque », le temps de la Quête, comme dit Henry Corbin, qui consiste pour le gnostique à être son propre temps et qui le condamne effectivement à n’être pas « de son temps ».

            On comprend que la « Casa Eranos » et ses Conférences annuelles soient devenues peu à peu pour Henry Corbin et quelques autres un des « points géographiques » de leur Quête. Pour ceux-ci, non seulement Eranos représentait une idée, « l’idée d’une communauté vraie, rassemblant orateurs et auditeurs», mais il incarnait un certain esprit « nourri et conforté par les échanges de vues entre ceux qui en composaient le cercle, symbolisé, comme le dira Henry Corbin, par notre Table Ronde sous le cèdre, et par les amitiés qui s’y sont nouées au cours des années ». 

L’aventure spirituelle d’Eranos était née en 1933, sous l’inspiration de Rudolf Otto, lorsque Olga Froebe-Kapteyn (1881-1955) créa la fondation Eranos, conçue à l’origine comme une série de Conférences pour « l’étude des images et des forces archétypales dans leur rapport avec l’individu ». Ces Conférences se sont étendues, pratiquement sans interruption, sur plusieurs décennies, même après la disparition de son initiatrice, de « Celle qui, du Centre émit l’Appel et en réussit le prodige, -  / Qui fit le Don céleste affluer aux âmes / Un moment écloses les unes aux autres ».

            Cependant, à la mort d’Adolf Portmann, en 1972, la direction d’Eranos échoit à Rudolf Ritsema, un spécialiste du Yi King, et les Conférences vont prendre, sous son autorité, une direction nouvelle, dès 1988 : « Eranos en renouveau : un Retour aux Sources » : « Le projet général d’Eranos : l’Interprétation d’Orient et d’Occident se concentre maintenant sur le Yi King qui représente une technique psychologique que l’Extrême-Orient a porté à un niveau tel que l’Occident ne peut pas se permettre d’ignorer ». A partir de cette date, une rupture s’est donc opérée entre l’esprit d’Eranos, cher à Henry Corbin, et l’orientation prise par Rudolf Ritsema. Bon an mal an, toutefois, depuis une dizaine d’années, Eranos a continué d’exister – cette année en marque le 70ème anniversaire – mais il est fort probable que Henry Corbin ne s’y reconnaîtrait plus. D’ailleurs, la Fondation est devenue une « Association des Amis d’Eranos », et surtout, comme les Conférences ont quitté la « Casa Eranos », les orateurs n’ont plus à leur disposition ni le fameux cèdre ni la Table Ronde, à la symbolique si précieuse pour Henry Corbin : l’axe du monde, la chevalerie spirituelle.

            Enfin, en avril 2003, un appel a été lancé, un peu désespéré, pour tenter de sauver ce qui reste d’Eranos, mais, encore une fois, l’aventure spirituelle d’Eranos n’est-elle pas terminée depuis 1989?

D’Orient et d’Occident

            En Iran, aussi, Henry Corbin a fait l’expérience d’une « communauté vraie » de savants et de spirituels. Il en témoignera à plusieurs reprises, en particulier dans En Islam iranien : « Je faisais allusion plus haut à un petit groupe d’études shî’ites auquel, d’année en année, j’ai eu le plaisir de participer pendant mes séjours d’automne à Téhéran. La personnalité du shaykh Mohammad Hoseyn Tabataba’î, professeur de philosophie traditionnelle à l’Université théologique de Qomm, en fut la figure centrale ; le cercle réunit quelques collègues de la jeune Université iranienne, aussi bien que quelques shaykhs, quelques uns de leurs élèves, représentatifs de la culture traditionnelle ». On trouve d’ailleurs dans les dernières pages du premier tome d’En Islam iranien une illustration particulièrement révélatrice des échanges dont Henry Corbin a bénéficié au sein de ce groupe. Ainsi ce dialogue, après que shaykh Mohammad Hoseyn Tabataba’î eut évoqué le final du pèlerinage des Oiseaux de Farîdoddîn ‘Attar :

            « L’Imâm, c’est bien cela, n’est-ce pas ? », demande Henry Corbin, et le shaykh de répondre :

«  – Certes, c’est cela. Et s’il n’y avait pas l’Imâm, si cela n’était pas l’Imâm, alors il ne resterait qu’à sombrer dans l’ivresse mystique, trouvant son expression dans la célèbre exclamation du soufi al-Hallâj : « Anâ’l-Haqq ! Je suis Dieu »… ».

            De cette nouvelle expérience « communautaire », fraternelle, vécue en Orient cette fois, Henry Corbin a retiré une certitude à propos des gnostiques d’Occident, à savoir qu’il n’existe pour eux ni Orient ni Occident, qu’ils appartiennent à une même famille dont on peut dire qu’elle est d’Orient et d’Occident. Que l’on s’arrête un moment sur les visions d’une mystique chrétienne, née à la fin du 18ème siècle en Westphalie - il s’agit d’Anne-Catherine Emmerick - et qu’on les compare avec celles d’un spirituel persan du 12ème siècle, originaire de Shirâz. Au-delà de la dimension visionnaire, dont on peut conclure qu’ils ont eu connaissance du même monde, le monde imaginal, on comprend qu’ils appartiennent à la même famille, par-delà les appartenances religieuses, les cultures et les siècles. C’est ce qui faisait dire à Henry Corbin: « Chacun des orafâ, d’Orient et d’Occident, ne peut penser et peser les choses qu’en termes d’intériorité et d’intériorisation, ce qui veut dire faire en soi-même une demeure permanente aux philosophies, aux religions, vers lesquelles le conduit sa Quête. Et il ne peut que garder son secret : secretum meum mihi ». Mais il y a plus : au contact de l’Islam iranien, il reçut l’intuition, que le temps était venu pour les ésotérismes de chacune des Religions monothéistes, y compris aussi le christianisme, de mettre en commun leurs richesses respectives et par conséquent de s’enrichir, en s’interpénétrant : « Ce rapport entre leur ésotérisme constitue leur présence commune et simultanée en la Jérusalem mystique. C’est l’aspect sous lequel tous les ésotéristes abrahamiques sont des Horafâ’, et c’est un aspect tout autre que l’aspect exotérique, canonique, qui est le seul que peuvent envisager les bureaux des relations officielles, voire politiques. Le malheur est que ces ésotéristes des trois rameaux ne se sont jamais retrouvés ensemble pour méditer sur leur parenté. Ils n’ont jamais eu de foyer commun, quel que fût leur petit nombre ».

L’Université Saint Jean de Jérusalem

            Ce rappel de la Jérusalem mystique nous conduit à une autre expérience, initiée par Henry Corbin lui-même, en 1974, celle de l’Université Saint Jean de Jérusalem. Il s’agira une nouvelle fois de la tentative de rassembler des chercheurs, des hommes spirituels, en une communauté. « On peut rapprocher cette forme de création culturelle, dira Mircea Eliade, de certains « cercles » de la Renaissance italienne ou du Romantisme allemand ». Le même notera aussi, en 1975, dans son Journal : « Bien que je fasse partie des membres fondateurs, il m’a été impossible de me rendre à ce colloque, mais je partage sa joie de voir enfin prendre corps un de ses désirs les plus chers : réunir un groupe de savants, de théologiens et de philosophes appartenant aux trois traditions de la Bible, les constituer en une sorte de cercle hermétiste, et les faire s’adresser à un public, restreint certes, mais d’élite ». Naturellement, Henry Corbin n’a pas cherché à fonder une nouvelle religion, comme Friedrich Schlegel, à Iéna, ni même une loge. Il s’agissait plus simplement d’un « centre de recherche spirituelle comparée », mais, si on le rapporte à ce que fut Eranos, il apparaît indubitablement conçu sur le modèle, cette fois, d’une « chevalerie spirituelle ». Telle est bien la dimension particulière que Henry Corbin a voulu donner à cette fondation. Et puisque nous parlons de modèle, cette chevalerie spirituelle dont il rêvait trouve son origine dans la fotowwat, javân mardî en persan, ainsi que dans l’aventure exemplaire au 14ème siècle de Rulman Merswin et des « Amis de Dieu ». Henry Corbin s’est étendu longuement, en particulier dans Temple et contemplation ainsi que dans son En Islam iranien, sur la tradition « chevaleresque » commune aux religions du Livre.  Rappelons ici seulement ce qu’il dit de la finalité de son « Cercle » : « Ménager enfin, en la cité spirituelle de Jérusalem, un foyer commun qui n’a encore jamais existé, pour l’étude et la fructification spirituelle de la gnose commune aux trois grandes religions abrahamiques, bref l’idée d’un œcuménisme abrahamique fondé sur la mise en commun du trésor caché de leur ésotérisme, non point sur l’accommodation diplomatique de relations officielles ». Malheureusement, l’Université Saint Jean de Jérusalem n’a survécu que peu de temps à la mort de l’orientaliste.

             Tel apparaît le chemin parcouru par Henry Corbin d’Eranos à l’Islam iranien et à l’Université Saint Jean de Jérusalem.

 Henry Corbin a poursuivi durant toute son existence le rêve d’une chevalerie spirituelle, d’hommes nobles, le rêve d’une communauté, un peu secrète, mais vivante, de gnostiques, orafâ, partageant la même aspiration au Monde de l’Âme, à la Nuit « novalisienne », d’après les Hymnes à la Nuit du poète romantique allemand Novalis. En cela il se trouvait à l’opposé de son maître Louis Massignon que sa spiritualité, jugée parfois quelque peu hétérodoxe, singularisait parmi ses compagnons de travail. Cela tenait aussi, certainement, à ce que Henry Corbin était fondamentalement un homme d’amitié – ce dont  témoignera, par exemple, Marie-Madeleine Davy : « J'aimais le rencontrer et l'entendre. Son amitié chaleureuse exaltait en faisant s'épanouir le meilleur de soi ». Cependant, derrière ce rêve, il y avait aussi une perspective que l’on peut dire géniale, un projet intellectuel et spirituel qu’imposait son époque : « Faire face ensemble, nous tous les Ahl al-Kitâb [les Gens du Livre], en reprenant ensemble notre aventure théologique depuis les origines, pour qu'au lieu de nous séparer, l'aventure cette fois nous rassemble ». Cette intuition majeure est le message laissé par Henry Corbin aux générations montantes. Des hommes ont témoigné, maintenant qu’il a quitté la manifestation terrestre, des hommes jeunes aussi, qu’ils étaient sensibles à ce message, qu’ils souhaitaient travailler non seulement à le répandre, mais à le porter en eux, à être ce message. Certes, nous quittons ici les rivages du dialogue interreligieux pour entrer ensemble sur l’océan commun de la gnose, de l’aventure gnostique. Ce serait, en effet, une erreur de tenir Henry Corbin pour un pionnier, parmi d’autres, du dialogue entre les religions du Livre. L’épisode de l’Université Saint Jean de Jérusalem suffirait à prouver qu’il s’agit de bien autre chose. Henry Corbin fut essentiellement un philosophe mystique et le héraut d’une chevalerie spirituelle mêlant les ésotéristes des trois religions du Livre. S’il fut un pionner, c’est en ce qu’il a promu, en plein 20ème siècle, une rencontre sur le seul plan où elle pouvait s’accomplir en plénitude : l’ésotérisme, al bâtin.

          « Je crois, disait-il, qu’il y a un trait commun à tous les orafâ, à tous les philosophes mystiques appartenant aux trois rameaux de la tradition abrahamique. (…). Seuls ceux-là seront capables de faire face aux conséquences de la désacralisation d’un univers profané. C’est à eux que fait allusion le 1er Imâm dans un entretien célèbre avec son disciple Komayl ibn Ziyâd. Ils appartiennent aussi bien à l’Orient qu’à l’Occident de ce monde. Ils ne seront jamais qu'une poignée d'hommes, inconnus de la grande masse, parce qu'ils auront renoncé aux ambitions de ce monde, et cela parce qu'ils auront conscience, comme leurs devanciers, de la responsabilité morale et humaine des hommes de science. C'est qu'il ne suffit pas d'être un homme de science ou un philosophe tout court, pour être un fils des prophètes ».

Alors, comme sa vocation l’y inclinait, Henry Corbin est devenu un « fils des prophètes » pour qu’à notre tour, que nous soyons chrétiens ou musulmans, nous devenions un de ces « fils des prophètes ». C’est aussi en quoi Henry Corbin était un homme « inquiétant », comme le remarquera Marie-Madeleine Davy, inquiétant pour « les esprits dogmatiques qui possèdent le goût des classements et des étiquettes définitives », mais inquiétant aussi pour les littéralistes, tandis qu’il est apparu durant sa vie, et apparaît toujours, comme un homme familier, pour tous les ésotéristes, pour les hommes de la gnose, qui appartiennent effectivement à la même famille : une famille que Henry Corbin aura voulu rassembler, de Eranos à l’Université Saint Jean de Jérusalem, en constituant « une élite spirituelle commune aux trois rameaux de la tradition abrahamique », dont l’éthique « prend origine aux mêmes sources et vise la même hauteur d’horizon. » On connaît, sur ce point, une anecdote tout à fait significative. Denis de Rougemont croit entendre un jour Henry Corbin s’exclamer : Hérétiques de toutes les religions, unissez-vous ! Frappé par l’expression, il donne ce titre à un article qu’il fait parvenir à Henry Corbin. Cependant, raconte Denis de Rougemont, « lors de son dernier passage à Genève, il suggéra, qu’il avait probablement dû dire « ésotéristes de toutes les religions ».

 Conclusion

             C’est bien en ésotériste que Henry Corbin aura accompli sa vocation, ou en gnostique, dans le sens que les spirituels de l’Iran donnent à ce mot. On ne peut en douter. Il dira ailleurs : « La communauté, la omma, des ésotéristes de partout et de toujours, c’est cette « Église intérieure » qui n’impose aucun acte d’appartenance pour que l’on en fasse partie. » Dès lors, cet appel, cet « ésotéristes de toutes les religions, unissez-vous ! », cette da’wa du 21ème siècle, pourrait-on dire, qui résume parfaitement tout l’itinéraire de l’orientaliste sur le « chemin mystérieux qui va vers l’intérieur », cet appel est à répercuter en ce monde, notre monde, et, comme il résonne familièrement pour la plupart d’entre nous, il ne nous reste plus qu’à nous rassembler de nouveau, et le plus souvent que nous pourrons, il nous incombe même de constituer progressivement un « foyer commun », pour y répondre, selon le vœu de Henry Corbin.