LE CAMP DES SAINTS

[ Jean Raspail | Bibliographie | Sommaire | Ce qu'il en dit en 1999 ]

 

Les citations sont extraites de la préface de la troisième édition du Camp des Saints (1985)

Brindisi, juin 1991

 

 

 

Arrivée de réfugiés albanais, à Brindisi, en juin 1991

Œuvre majeure de Jean Raspail, Le Camp des Saints fut rédigé en 1973. Œuvre prophétique, il y a plus de 25 ans, "ce livre terrible" se présente aujourd'hui comme une œuvre d'actualité : "Si prophétie il y a, cette prophétie, nous en vivons aujourd'hui les prémices." Elle pose l'unique question qui importe : que faire?

"Que faire, puisque nul ne saurait renoncer à sa dignité d'homme au prix d'un acquiescement au racisme? Que faire, puisque dans le même temps, tout homme - et toute nation - a le droit sacré de préserver ses différences et son identité au nom de son avenir et au nom de son passé?"

"Lorsqu'on sait ce que représente une génération aujourd'hui dans nos vieux pays d'Europe, génération-croupion à l'image de la famille-croupion et de la nation-croupion, on a le cœur serré d'avance et saisi de découragement. Il suffit de se reporter aux effrayantes prévisions démographiques pour les trente prochaines années, et celles que je vais citer nous sont les plus favorables : cernés au milieu de sept milliards d'hommes, sept cents millions de Blancs seulement, dont un tiers à peine et pas frais, très vieilli, sur notre petite Europe, face à une avant-garde de près de quatre cents millions de Maghrébins et de musulmans, dont cinquante pour cent de moins de vingt ans, sur les rives opposées de la Méditerranée et précédant le reste du monde! Peut-on imaginer une seconde et au nom de quel aveuglement d'autruche la survie de ce déséquilibre?"

"Car l'Occident est vide, même s'il n'en a pas encore et véritablement conscience. Civilisation extraordinairement inventive, certainement la seule à être capable de relever les insurmontables défis du troisième millénaire, l'Occident n'a plus d'âme. A l'échelle des nations, des races et des cultures, comme à celle de l'individu, c'est toujours l'âme qui gagne les combats décisifs. C'est elle et elle seule qui forme la trame d'or et d'airain dont sont faits les boucliers qui sauvent les peuples forts. Je ne distingue plus guère d'âme chez nous. A regarder par exemple mon propre pays, la France, il me vient souvent l'impression, comme dans un mauvais rêve éveillé, que bien des Français "de souche", aujourd'hui, ne sont plus que des bernard-l'ermite qui vivent dans des coquilles abandonnées par les représentants d'une espèce à présent disparue, qui s'appelait l'espèce française et n'annonçait en rien, par on ne sait quel mystère génétique, celle qui s'est en cette fin de siècle affublée de ce nom. Ils se contentent de durer."

"Mais le tout petit bourgeois sourd et aveugle reste bouffon sans le savoir. Encore miraculeusement à l'aise dans ses grasses prairies d'Occident, il crie en louchant sur son plus proche voisin : "Faites payer les riches!" Le sait-il seulement, mais enfin le sait-il! que le riche c'est précisément lui, et que ce cri de justice, ce cri de toutes les révoltes, hurlé par des milliards de voix, c'est contre lui et contre lui seul que bientôt il s'élèvera. C'est tout le thème du Camp des Saints.

Alors que faire?

Je suis romancier. Je n'ai pas de théorie, pas de système ni d'idéologie à proposer ou à défendre. Il me semble seulement qu'une seule alternative se présente à nous : apprendre le courage résigné d'être pauvre ou retrouver l'inflexible courage d'être riches. dans les deux cas, la charité dite chrétienne se révélera impuissante. Ces temps-là seront cruels."