Armel Guerne, Les Jours de l’Apocalypse

Genèse de l’ouvrage 

Les Jours de l’Apocalypse, Poèmes d’Armel Guerne. Visions de Saint Jean dans la traduction de Philippe de Mésenguy. La Pierre-qui-Vire (Yonne), Éditions du Zodiaque (Les points cardinaux, n° 16), (11 juillet) 1967.

Illustrations : Reproduction de détails des manuscrits du commentaire de l'Apocalypse de Beatus de Liébana

260 x 215 mm, reliure toilée d'éditeur sous jaquette illustrée, 224 pages, héliogravures.

 

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> Voir aussi Armel Guerne : Factum est

 

► Martin Frommelt, Apokalypse der Johannes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ces quelques extraits de lettres adressées par Guerne au Père Claude Jean-Nesmy qui assurait la production du livre mettent en lumière le travail du poète qui considérait ces textes parmi les plus importants de sa création.

            Une fois encore, j'en suis certain, les langues ont à parler sous le ciel où chantent les anges, quand sur la terre, déjà, presque personne ne les entend plus ; et la langue française plus que toute autre, assurément, non seulement parce qu'elle est la dernière héritière de la cascade de l'hébreu au grec, et du grec au latin, mais aussi, mais surtout parce qu'elle est déjà une langue morte un peu partout en France, et chez ceux qui l'écrivent en particulier. Feu la langue française, cette langue de feu ! - Un langage armé, une langue habitée, c'est le vrai moment : le dernier. Je voudrais aussi qu'il y ait quelques proses, que j'attends, dont une qui ferait la différence entre le mystère et l'énigme, expliquant pourquoi l'âme, tissée de crainte et d'épouvante et n'ayant son remède que dans l'amour, laisse l'intelligence s'affairer à déchiffrer et résoudre l'énigme parce qu'elle est incapable d'épouser le mystère. Je crois que sur l'Apocalypse, tout est dit dans l'Apocalypse, et notamment qu'il faut manger le petit livre ouvert, avaler toutes ses images telles quelles, sans prétendre les expliquer comme des symboles chargés et surchargés de significations, afin que  leur vie toute crue agisse à notre insu sur et dans notre vie : cette vie qui est tout ensemble bien plus petite que ce que nous la voyons, et infiniment plus grande que ce que nous la croyons être. Sa douceur sur la langue et sa virulence dans l'estomac, j'ai déjà éprouvé qu'elles pouvaient l'être dans les deux sens : sucrée à prendre, amère à avoir et à digérer ; amère à connaître et douce à dire, à exprimer, à vivre en fonction de la Gloire, à porter comme un premier éclat de l'éternité. Ce qui fait la lâcheté des hommes, ce n'est pas la peur ; c'est la peur qu'ils ont d'avoir peur, par égoïsme et par orgueil. Je sens bien que les saints ont connu, vécu les pires épouvantes, mérité les meilleures consolations qui sont aussi les plus sûres et les plus actives consolidations.

            Quant aux évidences de l'Aujourd'hui, elles sont si évidentes que mon seul embarras n'est que celui du choix : il y a tout à voir et à entendre dans ce que les autres – et surtout les grands de ce monde – ne voient pas, n'entendent point. Tout à dire, avec ce seul et même cri de l'enfant qui naît en quittant l'innocence et de l'agonisant qui meurt pour, peut-être, la retrouver : ce même faible soupir des enfants de Dieu, quand ils ont assez peur pour n'avoir plus à craindre d'avoir peur, ni à le redouter.  4 juin 1966

 

            Je vous ai expédié – enfin ! – ce matin le manuscrit des Jours de l'Apocalypse (avec les photos) et je suis très anxieux, comme vous pouvez l'imaginer, de savoir ce que vous en pensez. […]D'un côté, je crois avoir écrit là ce que j'ai fait de meilleur ; mais de l'autre côté, cela me paraît tellement pâle à comparer avec les océans de feu sur lesquels je navigue depuis 6 mois…Je peux vous dire, en tout cas, que j'y ai mis toutes mes forces jusqu'à l'exténuement, ce qui m'a valu parfois de singuliers secours de grâce (sans parler d'un miraculeux enrichissement intérieur.)

            […] Et je me sens tout à coup très veuf depuis que je n'ai plus devant moi que des livres à ranger et des papiers à remettre en ordre. Je voudrais tellement, tellement que ce soit un bon travail ! Et que ce titre porte efficacement sa semence spirituelle ; qu'il ait une richesse, une somptuosité généreuses dans sa démarche publique ; que l'élan du langage ajoute de la vie à ce qu'il peut y avoir de statique ou de trop sage dans les images, par ailleurs étonnantes  quand on "entre dedans" comme j'ai eu, moi, l'occasion de le faire si longuement, si silencieusement.  8 décembre 1966

[…] Je viens de passer six mois dans ce travail, absorbé nuit et jour, poussant l'effort à la limite de mes forces (le médecin que j'ai du faire venir, depuis, me soigne pour le surmenage et l'épuisement général) et tout au long de ces mois, de jour en jour, ma volonté et mon effort ne visaient que l'ouverture finale et le champ de gloire de cette 3e partie. Le reste, bien sûr,  a été écrit, réécrit, coupé, recomposé, repris encore, serré, resserré, et mon cabinet de travail ressemble toujours à un champ de bataille, même à présent que la plupart des livres  sont rangés, avec tous ses papiers épars, les ébauches et les versions successives mais tout cela convergeait sur ce seul point final : l'essentiel, qui est, finalement, ce dont on ne peut pas parler. Je me suis heurté, de toutes les manières, a un manifeste interdit qui me barrait déjà même les voies d'accès les plus éloignées, les plus indirectes. Passer outre eût été se précipiter dans la littérature, et vous savez sans doute que si j'ai une raison d'être sur terre, c'est bien pour refuser de tout mon être une déchéance et une infamie qui deviendraient criminelles à côté de saint Jean, dont chaque mot est à la fois un mystère et un sacrement. Si je suis à peu près certain d'avoir su véritablement, à la fin, OBEIR, c'est justement dans la mesure où j'ai tant essayé, échec après échec, refus après refus, de suivre encore mon propre mouvement, qui répondait comme le vôtre aux perspectives que nous voyons dans l'Apocalypse, dont les visions descendent toutes du trône divin et de la cour céleste sur la terre. Mais celle que nous vivons, nous, maintenant, sur la terre, s'incarnent temporellement et avec une précision absolue, à l'inverse absolu. D'où nous sommes - si nous le voyons - il ne nous est peut-être plus permis de parler relativement de Dieu, quand nous allons à Lui absolument, ni surtout d'un ciel nouveau et d'une terre nouvelle que nous sommes si près de connaître, mais dont nous ne savons rien tant que le premier ciel et la première terre n'ont pas disparu, et tant que la mer qui avait été, n'est plus. Le fait est, en tout cas, que le texte saint le marque avec une rare insistance quand il reprend, au chapitre XXI : "Et moi, Jean,  je vis la sainte cité,  la nouvelle Jérusalem" c'est-à-dire que c'est à lui que cette vision a été confiée pour nous la montrer, à nous, qui ne pouvons que la recevoir, et la recevoir de lui seul. Il me paraît qu'il y a de l'impiété et du mensonge à vouloir ou prétendre montrer quoi que ce soit à sa place, à notre tour, et hors de ses paroles, qui sont les seules sur lesquelles on puisse se fonder tant qu'on n'a pas la vision elle-même.

            En outre, il me paraît impensable que quelqu'un puisse se permettre - quand il aura paru - de regarder ce volume des Jours de l'Apocalypse sans relire au moins à ce moment-là, soigneusement, les XXII chapitres du texte même. L'ouvrage dont peuvent se charger mes poèmes et mes proses n'est pas de parler de l'Apocalypse, mais des Jours de l'Apocalypse, avec la tâche suprême de faire valoir que ces jours-là sont les nôtres. N’est-ce pas ainsi que vous le voyez ? J'ajouterai que je n'écris évidemment pas pour vous, qui avez le bonheur d'être des serviteurs au service de Dieu, mais pour le monde, qui est positivement dans une telle capilotade spirituelle, et avec un langage si affaissé, qu'on ne peut guère s'autoriser à lui parler de Dieu, et de l'amour de Dieu, et de la gloire de Dieu, directement ou indirectement, que si l'on n'use plus que de langues de feu ; autrement, il retourne, quand il en a, à sa religion qui ne le rattache à rien, sinon à de vagues habitudes totalement désertes d'amour, vides d'expérience réelle et séparées de toute connaissance. On ne peut pas se fier à son intelligence, ni encore moins à son esprit ; mais je fais confiance à son âme : et c'est pourquoi je n'ai rien avancé qui ne soit venu d'une réelle expérience "en ce monde", "de ce monde", et qui le pousse autant que possible vers Dieu. Il n'y a pas un mot, dans les poèmes ou dans les proses, qui ne soit avant tout armé contre un mauvais emploi, un effet détourné ; et il me semble qu'une grande grâce m'a été donnée, tout au long, - une grâce de charité vivante - pour qu'il y ait une telle et si profonde tendresse par-dessous, d'autant plus constamment efficace quelle est plus constamment cachée, insaisissable et agissante, inexprimée et véridique. […]

            Au surplus, maintenant, ce serait désamorcer de sa force vive chacun des poèmes et chaque ligne des proses, que d'essayer de peindre ou de suggérer ce qu'ils regardent avec une fixité et une intensité qui doit, qui devrait, en tout cas, y conduire chaque lecteur. Je suis convaincu que ce n'est pas, à l'heure qu'il est, un service à rendre aux hommes dans leur impuissance, que de leur mâcher plus ou moins une nourriture qu'ils doivent manger eux-mêmes : il faut leur apprendre leur faim.

            Mais comme vous avez entièrement raison quant au fait indéniable de la lacune énorme ;  et comme il faut une solution, alors que je m'avoue assez vraisemblablement incapable de la combler formellement, je vous propose de commencer le SENS DES IMAGES ET DES TEXTES, à la fin du volume, par l'aveu de cette lacune (reconnue expressément par le verset mis en exergue) et par la recommandation faite à tout lecteur de revenir d'abord au texte de l'Apocalypse, en notant pour lui que tout, en effet, est centré et part de la vision rayonnante du ciel, du trône divin, de la cour céleste, de la Ville-Dieu, l'histoire passant tout entière par le moment "éternel en soi" de la Mère revêtue du soleil, la Femme qui met au monde l'Enfant mâle, que le dragon voulait dévorer, et qui doit gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer.

            Oh ! non, je ne refuse pas de remettre en travail ce travail, pour ce qui est de moi ; mais je suis presque sûr, parce que ces mois intenses de méditation m'ont appris tant de choses, que non seulement je ne serai pas capable de le faire, mais que probablement je ne pourrai que tout gâcher. Une seconde fois, au chapitre XXII, il est écrit : "C'est moi Jean qui ai entendu et qui ai vu toutes ces choses"(8) et plus loin, v. 11 : "Que celui qui commet l'injustice la commette encore : que celui qui est souillé se souille encore : que celui qui est juste se justifie encore : et que celui qui est saint se sanctifie encore. " Aucun de ceux-là n'a réellement besoin de rien d'autre que de la vision dont saint Jean nous donne l'image, ou alors seulement qu'on la lui rappelle, personnellement, comme je vous propose de le faire dans les premières lignes de la Note finale. Si je devais parler de l'Apocalypse, je pourrais écrire des pages et des pages, maintenant. Je n'ai pas non plus parlé des 2 témoins, ni du Silence dans le ciel, ni de la conversion des Juifs, ni de tant d'autres choses. Mais je crois entendre déjà les 200 millions de cavaliers fourbir chez Mao le harnachement de leurs montures avec leurs queues qui tuent et leurs gueules qui crachent le feu. Je n'ai rien dit du petit livre, qu'on doit "manger" comme il l'a été, et non pas expliquer, ou chercher à comprendre.[…]  9 janvier 1967

 

            […] Personnellement, je n’aime pas cette prose (Factum est) qui a pris un ton moins ample que les autres et qui ne me paraît pas indispensable; de plus, je crois qu’une amputation massive est beaucoup plus saine à l’esprit qu’une série de changements qui sont, je vous l’ai dit, parfaitement légitimes à chaque fois, dans chaque cas particulier, mais qui, du fait que néanmoins ils portent sur l’ensemble, risquent de désaccorder tout l’orchestre secret des différents registres mis en œuvre au moins pour ébranler, sinon pour franchir à coup sûr, l’inertie spirituelle qui est la marque de ces temps de la fin: cette mollesse d’âme qui appelle sur elle, parce qu’elle  est une faillite de l’amour, les extrêmes sévérités et les menaçantes rigueurs, réappuyées sur la voix rude des prophètes de l’Ancien Testament, que la voix du disciple Bien-Aimé vient mettre, au nom de Dieu, au terme du Testament d’Amour dont il avait écrit le plus doux évangile. Ce qui me frappe, en effet, c’est que l’Apocalypse est faite pour être lue à la fin, depuis ce point ultime des moments de la fin où nous pouvons terriblement nous deviner déjà, nous, maintenant. Placés nous-mêmes dans le temps à la place où Dieu l’a voulue dans les Écritures, c’est-à-dire les derniers, peut-être sommes-nous les premiers à pouvoir apprendre que cette prophétie, qui les reprend toutes dans son miroir, se déchiffre dans l’autre sens et n’est ouverte que sur l’éternité. Peut-être aussi sommes-nous les seuls, si près du Jugement, à pouvoir déjà presque comprendre pourquoi les grandes images libres de la Gloire sont si sévèrement gardées, devant et derrière, par des paroles assez dures et tranchantes qui ne permettent l’espérance qu’à ceux-là seuls qui ont, et qui vivent, l’héroïsme de la foi: ceux qui suivent encore un peu plus loin qu’eux-mêmes le grand élan d’amour dont ils sont les petits-enfants. L’image de la Gloire —parce qu’elle est absolument inimaginable— a bien pu être, comme elle l’est, mise sous tous les yeux; mais il est clair que ses gardes terribles la réservent aux seuls regards de ceux qui sont toujours capables de trembler de peur devant l’éternité. Elle est matériellement cachée à tous les autres, nos contemporains, qui se sentent au fond d’eux-mêmes des hommes assez grands pour ignorer la crainte.

            Et c’est pourquoi le texte me semble avoir sa place nécessaire ou vers la fin, ou pour finir l'action sensible et polémique des paroles profanes, qui n'ont pour elles que d'être humainement actuelles et de viser les cœurs au niveau où ils sont.  20 février 1967

            […] Il faut que j’achève, à présent, le Nerval "à vif" que j'ai en train, avant de replonger dans cette Apocalypse qui, en se révélant toujours plus, déchire à mesure la vie qui la reçoit afin d'y faire entrer les certitudes bien plus grandes qu'elle y apporte. Ce n'est pas le texte, ce n'est pas le travail même qui m'ont tant exténué : c'est le contenu, ou si vous préférez, c'est le chemin spirituel qu'il m'a fallu courir ; et je dois rassembler mes forces afin d'y revenir. […]

            Si fort que soit le médecin du corps, ce n'est pas lui qui saura me défatiguer du poids qu'on se met au cœur en contemplant ce qu'on peut voir de la fin des temps. Et il faut avoir le cœur lourd pour bien mourir, non ? […]

            Au sujet du poème "666", je crois pouvoir vous dire que cette fin est strictement exacte, les progrès de la "complicité" incriminée s'étendant pesamment comme une boue dans un marécage, comme un poison dans un liquide. C'est une affaire d'eaux basses, et il serait dommage de donner une meilleure assise au souffle du poème, qui doit s'enfoncer. S'il est ce qu'il faut, celui qui le suit devrait prendre peur en soi-même, et prendre froid, en arrivant là. Une terreur salutaire ; un froid qui appelle la chaleur. Mais tout cela n'est peut-être qu'un rêve. Il y a ailleurs bien d'autres rythmes qui prennent des chemins sur lesquels je ne serais jamais allé tout seul. Après, tout ce que je puis dire, c'est que j'y suis allé, en effet. Le paysage étant plus important que le marcheur (qu'il marche bien ou mal) je ne vois pas où trouver une autorité suffisante pour le retoucher, le corriger éventuellement. Il faut d'abord lui obéir, et même mal, c'est encore plus sûr ! Simulacre et contrefaçon de la féminité, de la fécondité, l'antre béant qui s'ouvre avec 666 est un abîme gluant, poisseux comme le sang, grouillant comme lui, pluriel. L'idée du marécage, où personne au monde ne descendra jamais, puisqu'il monte vers nous, et que tout le monde connaît. 19 avril  1967

 

            […] Quel réconfort que ce livre accompli, assurément inépuisable comme l'Apocalypse elle-même. Jamais je n'ai ressenti aussi cruellement la sanction, le châtiment qui condamne un auteur à ne jamais pouvoir se lire comme le lecteur le lira, à ressentir ce premier choc ; mais au-delà, quand on entre dans les concordances, ah ! quelle musique ! Vous imaginez bien avec quelle curiosité, quelle avidité je l'ai ouvert, puis examiné, puis lu (du bout des yeux en ce qui regarde mes textes, puisque je les connais) les notes, les titres, etc. Depuis, je peux difficilement passer deux heures sans y revenir, le toucher, me caresser l'esprit et le cœur à sa vue, comme quelqu'un qui n'arrive pas à se convaincre de son bonheur. Ce n'est pas un livre, c'est une explosion, capable à la fois d'assourdir ceux qui croient écouter, d'aveugler ceux qui croient voir et de se faire entendre par les sourds, de glisser sa lumière sous les paupières des aveugles. Le langage qu'il faut, qui parle et qui se tait aux bons endroits, dont le silence monte… L'inconvénient des livres d'art, c'est qu'on les admire et puis c'est fini : on est quitte ; on les quitte. Mais celui-ci est d'une autre trempe, qui force et qui dédaigne en même temps l'admiration : on l'admire et tout commence ; on va au bout de l'admiration et c'est toujours sans être quitte, et il faut revenir, y revenir. Je suis certain, mon père, qu'on n'a pas vu depuis très longtemps en France un ouvrage aussi parfait, c'est-à-dire aussi irréprochable sur le plan de la réussite, et néanmoins puissant quant à la dynamique, et capable d'entreprendre un tel travail, de le poursuivre en fait avec une telle et si imparable efficacité qu'il ne vaut que par elle. Il ne reste pas sous les yeux mais devient acte aussitôt : action. De quoi aucun de nous ne saurait se vanter ; mais quelle fierté de savoir qu'on a pu être l'un de ceux qui y ont servi. Je n'ai pas souvent pleuré depuis que j'ai perdu l'enfance, mon père, mais je vous jure que des larmes de reconnaissance ma sont venues, ici, seul dans ma chambre de travail, en y pensant, devant l'irrécusable évidence de ce DON, de son utilité, de sa nécessité, dont l'extraordinaire grandeur est exactement mesurée sur le besoin des jours que nous vivons. Personnellement, j'en suis comblé au-delà de toute attente. Comblé à tous égards. Qui sait si la permission de Dieu ne va pas aller jusqu'à accompagner cette œuvre dans le monde et en faire un succès en dépit de sa qualité ?  6 août 1967