NAISSANCE DE FATIMA
Fâtima est la plus jeune fille du Prophète. La
tradition rapporte que c'est à la naissance de Fâtima que la sourate 108 - L'abondance -
fait allusion : "Oui, nous t'avons donné l'abondance. / Prie donc ton Seigneur et
sacrifie! / Celui qui te hait : voilà celui qui n'aura jamais de postérité." Le
Prophète n'aura pas d'héritier mâle, mais sa descendance s'est perpétuée à travers
Fâtima.
Une autre tradition rapporte que
Khadija, sa
mère, se retrouva seule au moment d'accoucher, car les femmes des Qoraïchites
continuaient de lui reprocher d'avoir épousé un orphelin pauvre, comme l'était
Mohammed, et que ce furent quatre femmes du Paradis qui l'assistèrent, à savoir, Sarah,
femme d'Abraham (ou Ève, selon une autre version), Asiyah, femme de Pharaon, Mariam,
mère de 'Isa (Jésus), et Kulthum, sur de Musa (Moïse).
Quant à la date exacte de la naissance de
Fâtima, elle diffère selon les sources, même si elle se place, selon toute
vraisemblance, avant le commencement de la révélation coranique. Pour les uns, Fâtima
est née vers 604, pour les autres en 609. Une autre source fait naître Fâtima la
cinquième année après le commencement de la révélation coranique, soit en 615 - ce
qui explique que l'âge de la mort de Fâtima varie de 18 à 29 ans selon les auteurs.
JEUNESSE DE FATIMA
"Ses années de première adolescente sont
celles de la persécution de son père".
Fâtima avait sept ans, lorsque
Khadîja, sa
mère, mourut. Ses surs étant mariées, elle prit naturellement la place de sa
mère auprès du Prophète.
Une relation très privilégiée
s'établit entre Fâtima et son père, faite d'admiration réciproque - "Quand mon
cur brûle du désir d'être en paradis, j'embrasse le cou de Fâtima" - et de
ressemblance. Selon A'icha, personne ne ressemblait plus au prophète que Fâtima, dans sa
manière de parler et de se tenir. A'icha, encore, d'après plusieurs sources, a dit :
"Personne parmi les hommes n'était plus aimé du Prophète que 'Alî, et aucune
femme, parmi les femmes, n'était plus aimée de lui que Fâtima."
Fâtima enfant assista aux humiliations dont son père
était assez fréquemment l'objet à la Mecque et c'est elle qui intervint à plusieurs
reprises pour le soutenir dans ces épreuves.
L'Hégire (17 (?) septembre 622)
Lorsque Mohammed dut émigrer, Fâtima quitta la
Mecque quelques semaines après son père et le rejoignit à Yathrib, la future Médine.
LE MARIAGE DE FATIMA
(624)
Fâtima reçut des demandes en mariage que le
prophète lui-même déclina, attendant un signe, une injonction de Dieu, pour l'époux de
sa fille. Ce fut 'Alî qui reçut l'agrément du Prophète, son fils adoptif, son
"frère".
La dot de Fâtima
Lorsque Mohammed demanda à 'Alî quelle dot il
comptait donner pour le mariage de Fâtima, celui-ci répondit : "Tu connais ma vie
aussi bien que moi et tu sais que je ne possède rien d'autre que mon sabre, mon bouclier
et mon chameau!" Le Prophète répondit : "C'est vrai! Or ton sabre t'est utile
contre les ennemis de l'islam, tu dois arroser la palmeraie avec ton chameau et tu en as
besoin aussi pour te déplacer. Tu ne peux donc offrir en dot que ton bouclier et moi je
te donnerai ma fille Fâtima en mariage pour ce bouclier."
Le prophète fit vendre le bouclier et divisa le
produit de la vente en deux parts: un tiers pour un parfum et deux tiers pour le
trousseau de Fâtima. La tradition rapporte qu'il était composé de 18 pièces et
naturellement très pauvre.
► La bénédiction du Prophète
Alors que tous les invités s'en étaient retournés
chez eux, le Prophète fit s'asseoir Fâtima à sa gauche et 'Alî à sa droite. Il prit
de l'eau qu'il bénit, puis en versa sur Fâtima, ensuite sur 'Alî, et dit : "Ô
Dieu! ils sont par moi et moi, je suis par eux. Ô Dieu! de la même manière que tu as
éloigné de moi toute sorte d'impuretés, éloigne-les d'eux aussi, et rends-les
purs." Et il ajouta : "Levez-vous à présent et rentrez chez vous. Que Dieu
vous accorde d'être heureux!"
► Les enfants de Fâtima
Une premier fils, al-Hasan, naquit en 625 (1er
mars).
Un second, Husayn, en 626 (8 janvier) ou 627,
selon les sources. Un troisième fils, Muhsin, sera mort-né, sans doute des suites de
l'altercation de Fâtima et de Umar, la semaine suivant la mort du Prophète, en 632.
Deux filles naîtront également de l'union de
'Alî et de Fâtima : Bibi Zaynab et Oum Kulthum.
"CE QUI LA
BOULEVERSE ME BOULEVERSE"
Vint un jour où 'Ali voulut prendre une
deuxième épouse, comme l'autorisait la toute récente Loi coranique. Fâtima alla se
plaindre auprès du Prophète qui interdit ce second mariage.
LA
MUBAHALA (22 mars 632)
"Ce jour-là, à Médine, Muhammad, face aux
envoyés chrétiens B. 'Abdalmadân des Balhârith du Najrân, les avait assignés à un
"jugement de Dieu" (pris de crainte les chrétiens récusèrent le lendemain,
signant une musâhala, "capitulation", la première entre chrétienté
et Islam). Pour ce "jugement de Dieu", Muhammad avait constitué otages de sa
sincérité (dans sa négation de l'Incarnation) et de sa foi (en sa propre mission), les
"siens", les "Cinq qu'il couvrait de son manteau" (ashab al-Kisâ')
: ses deux petits-fils, Hasan et Husayn, sa fille Fâtima, et son gendre 'Alî. Et
désormais cette substitution judiciaire solennelle transféra sur eux toute l'espérance
de justice, tout l'amour de dévotion que les vrais amis de Muhammad lui avaient voués;
et, symétriquement, aussi, toute la vendetta, toute la haine que les Umayyades, de
Quraysh, nourrissaient contre le fondateur de l'Islam pour leurs morts païens tués de
sang-froid après Badr." Louis Massignon, La passion de Hallâj,
Gallimard, 1975
LA MORT DE
MUHAMMAD (8 juin 632)
La mort
de son père fut pour Fâtima un déchirement. Elle dira : "Après toi, cher père,
je me suis retrouvée orpheline. Je me suis sentie sans foyer et dépourvue de tout. Ma
voix s'est éteinte, mon dos s'est brisé et l'agréable goût de la vie est devenu amer
dans ma bouche". Et aussi : "Après toi, ô père, tant de malheurs me sont
arrivés que s'ils devaient recouvrir les jours heureux, ceux-ci deviendraient obscurs
comme la nuit". Parmi ces malheurs, il y a l'épisode de la confiscation de la terre
de Fadak.
FADAK
"Dans l'isolement de son deuil, Fâtima voulait ignorer tout de la
politique, de la Saqîfa, de l'élection d'Abû Bakr comme khalife, qui lui avait refusé
Fadak, mais la ménageait (son fils Muhammad, le fils d'Asmâ', choisira les Alides contre
sa sur A'isha, et son petit-fils Qâsim se mariera avec une Alide). Elle n'avait pas
prêté la bay'a à Abû Bakr, et ce n'était pas une manière à elle de manifester
contre Abû Bakr, ou de poser la candidature de son mari (...). mais, auprès d'Abû
Bakr,
la jalousie de A'icha, et de Hafsa veillait (...) Umar s'indigne de l'abstention de
Fâtima, qu'imite son mari ; il flaire un schisme. Il veut forcer leur porte ; c'est le
Jour de l'Effraction, par le Feu.
Fâtima tient tête, maintient son refus. Est-il vrai qu'il y eut
bagarre, que Fâtima ait été frappée, ses pendants brisés, et qu'elle ait ensuite
accouché avant terme d'un enfant mort-né, Muhsin? Umar était dur, mais noble, 'Alî,
sûrement présent, se serait interposé si l'on avait voulu frapper sa femme. Retenons
simplement que Fâtima dut dénouer sa chevelure, signe de rescousse suprême de la
bédouine (...). Elle peut avoir avorté d'émotion, quelques jours après" (Louis
Massignon, "la notion du voeu", Opera minora, P.U.F., 1969, p.589)
LA MORT DE
FATIMA (26 août 632)
Fâtima ne survivra que 75 jours à la mort du Prophète (six mois
selon Tabari : "Dans cette même année, au mois de ramadhân, mourut Fâtima, la
fille du Prophète, six mois après la mort de son père ; elle était âgée de
vingt-neuf ans. Esmâ, fille d'Omaïs, procéda à la lotion funéraire ; 'Abbâs, Fadlh
et 'Alî descendirent dans la fosse où ils l'enterrèrent" (Tabari, Les quatre
premiers califes, Sindbad, 1981, p.19).
Elle sera enterrée de nuit par 'Alî et inhumée à Médine,
- "Quand Fâtima mourut, elle demanda à être enterrée en secret ; la
jalousie de A'icha menaçait sa sépulture" (Louis Massignon, "La notion du
vœu",
idem, p.590) -, mais l'endroit exact de sa sépulture sujet à controverse.
Copyright©1998,
Jean Moncelon
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