► BRÈVE BIOGRAPHIE  DE FATIMA

"In the Name of Allah, the creator of the house of Fatimah in whom one's hope for freedom are placed, that small house which is as large as the universe"

Ali Shariati

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> Fâtima dans le miroir de Louis Massignon

 

 

 

 

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"Fâtima, en réalité, a été, auprès du Prophète, la substituée à sa Mère Khadîja, monogame comme elle, "Rabbat al-Bayt", asile des "mustad'afin", où s'abritaient la clientèle personnelle du Prophète, les étrangers convertis que l'orgueil tribal arabe n'acceptait pas comme clients."

 

 

 

 

 

 

 

Le trousseau de Fâtima

Un foulard, une chemise, un lit fabriqué avec du bois et des feuilles de dattier, quatre oreillers en peau de mouton, remplis de joncs odoriférants, un rideau en laine, une natte, un petit moulin à main, une outre en cuir, un bassin de cuivre, une cruche verte en terre, et d'autres ustensiles de ménage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Mohammed préside donc la prière. Or, au moment où les croyants attendent le signal de la dispersion, Mohammed, du haut du minbar, la face contractée, les yeux rougis - presque comme aux moments où Gabriel le visite - commence : "Les fils de Hichel ibn Moghira sont venus me demander mon avis à propos de leur fille avec Ali ibn Abou Talib. Je le leur interdis!... Je ne permettrai pas ce mariage, du moins tant qu'Ali n'aura pas auparavant divorcé de ma fille! Alors seulement il pourra épouser leur fille!... Car ma fille est une partie de moi-même. Ce qui lui fait mal me fait mal! Ce qui la bouleverse me bouleverse!" (Assia Djebar, Loin de Médine, Albin Michel, 1991)

 

 

 

 

 

 

NAISSANCE DE FATIMA

Fâtima est la plus jeune fille du Prophète. La tradition rapporte que c'est à la naissance de Fâtima que la sourate 108 - L'abondance - fait allusion : "Oui, nous t'avons donné l'abondance. / Prie donc ton Seigneur et sacrifie! / Celui qui te hait : voilà celui qui n'aura jamais de postérité." Le Prophète n'aura pas d'héritier mâle, mais sa descendance s'est perpétuée à travers Fâtima.

Une autre tradition rapporte que Khadija, sa mère, se retrouva seule au moment d'accoucher, car les femmes des Qoraïchites continuaient de lui reprocher d'avoir épousé un orphelin pauvre, comme l'était Mohammed, et que ce furent quatre femmes du Paradis qui l'assistèrent, à savoir, Sarah, femme d'Abraham (ou Ève, selon une autre version), Asiyah, femme de Pharaon,  Mariam, mère de 'Isa (Jésus), et Kulthum, sœur de Musa (Moïse).

Quant à la date exacte de la naissance de Fâtima, elle diffère selon les sources, même si elle se place, selon toute vraisemblance, avant le commencement de la révélation coranique. Pour les uns, Fâtima est née vers 604, pour les autres en 609. Une autre source fait naître Fâtima la cinquième année après le commencement de la révélation coranique, soit en 615 - ce qui explique que l'âge de la mort de Fâtima varie de 18 à 29 ans selon les auteurs.

JEUNESSE DE FATIMA

     "Ses années de première adolescente sont celles de la persécution de son père".

    Fâtima avait sept ans, lorsque Khadîja, sa mère, mourut. Ses sœurs étant mariées, elle prit naturellement la place de sa mère auprès du Prophète.

    Une relation très privilégiée s'établit entre Fâtima et son père, faite d'admiration réciproque - "Quand mon cœur brûle du désir d'être en paradis, j'embrasse le cou de Fâtima" - et de ressemblance. Selon A'icha, personne ne ressemblait plus au prophète que Fâtima, dans sa manière de parler et de se tenir. A'icha, encore, d'après plusieurs sources, a dit : "Personne parmi les hommes n'était plus aimé du Prophète que 'Alî, et aucune femme, parmi les femmes, n'était plus aimée de lui que Fâtima."

Fâtima enfant assista aux humiliations dont son père était assez fréquemment l'objet à la Mecque et c'est elle qui intervint à plusieurs reprises pour le soutenir dans ces épreuves.

L'Hégire (17 (?) septembre 622)

Lorsque Mohammed dut émigrer, Fâtima quitta la Mecque quelques semaines après son père et le rejoignit à Yathrib, la future Médine.

LE MARIAGE DE FATIMA (624)

   Fâtima reçut des demandes en mariage que le prophète lui-même déclina, attendant un signe, une injonction de Dieu, pour l'époux de sa fille. Ce fut 'Alî qui reçut l'agrément du Prophète, son fils adoptif, son "frère".

La dot de Fâtima

    Lorsque Mohammed demanda à 'Alî quelle dot il comptait donner pour le mariage de Fâtima, celui-ci répondit : "Tu connais ma vie aussi bien que moi et tu sais que je ne possède rien d'autre que mon sabre, mon bouclier et mon chameau!" Le Prophète répondit : "C'est vrai! Or ton sabre t'est utile contre les ennemis de l'islam, tu dois arroser la palmeraie avec ton chameau et tu en as besoin aussi pour te déplacer. Tu ne peux donc offrir en dot que ton bouclier et moi je te donnerai ma fille Fâtima en mariage pour ce bouclier."

    Le prophète fit vendre le bouclier et divisa le produit de la vente en deux parts: un tiers pour un parfum et deux tiers pour le trousseau de Fâtima. La tradition rapporte qu'il était composé de 18 pièces et naturellement très pauvre.

► La bénédiction du Prophète

   Alors que tous les invités s'en étaient retournés chez eux, le Prophète fit s'asseoir Fâtima à sa gauche et 'Alî à sa droite. Il prit de l'eau qu'il bénit, puis en versa sur Fâtima, ensuite sur 'Alî, et dit : "Ô Dieu! ils sont par moi et moi, je suis par eux. Ô Dieu! de la même manière que tu as éloigné de moi toute sorte d'impuretés, éloigne-les d'eux aussi, et rends-les purs." Et il ajouta : "Levez-vous à présent et rentrez chez vous. Que Dieu vous accorde d'être heureux!"

► Les enfants de Fâtima

    Une premier fils, al-Hasan, naquit en 625 (1er mars).

    Un second, Husayn, en 626 (8 janvier) ou 627, selon les sources. Un troisième fils, Muhsin, sera mort-né, sans doute des suites de l'altercation de Fâtima et de Umar, la semaine suivant la mort du Prophète, en 632.

    Deux filles naîtront également de l'union de 'Alî et de Fâtima : Bibi Zaynab et Oum Kulthum.

"CE QUI LA BOULEVERSE ME BOULEVERSE" 

    Vint un jour où 'Ali voulut prendre une deuxième épouse, comme l'autorisait la toute récente Loi coranique. Fâtima alla se plaindre auprès du Prophète qui interdit ce second mariage.

LA MUBAHALA (22 mars 632)

"Ce jour-là, à Médine, Muhammad, face aux envoyés chrétiens B. 'Abdalmadân des Balhârith du Najrân, les avait assignés à un "jugement de Dieu" (pris de crainte les chrétiens récusèrent le lendemain, signant une musâhala, "capitulation", la première entre chrétienté et Islam). Pour ce "jugement de Dieu", Muhammad avait constitué otages de sa sincérité (dans sa négation de l'Incarnation) et de sa foi (en sa propre mission), les "siens", les "Cinq qu'il couvrait de son manteau" (ashab al-Kisâ') : ses deux petits-fils, Hasan et Husayn, sa fille Fâtima, et son gendre 'Alî. Et désormais cette substitution judiciaire solennelle transféra sur eux toute l'espérance de justice, tout l'amour de dévotion que les vrais amis de Muhammad lui avaient voués; et, symétriquement, aussi, toute la vendetta, toute la haine que les Umayyades, de Quraysh, nourrissaient contre le fondateur de l'Islam pour leurs morts païens tués de sang-froid après Badr." Louis Massignon, La passion de Hallâj, Gallimard, 1975

LA MORT DE MUHAMMAD (8 juin 632)

La mort de son père fut pour Fâtima un déchirement. Elle dira : "Après toi, cher père, je me suis retrouvée orpheline. Je me suis sentie sans foyer et dépourvue de tout. Ma voix s'est éteinte, mon dos s'est brisé et l'agréable goût de la vie est devenu amer dans ma bouche". Et aussi : "Après toi, ô père, tant de malheurs me sont arrivés que s'ils devaient recouvrir les jours heureux, ceux-ci deviendraient obscurs comme la nuit". Parmi ces malheurs, il y a l'épisode de la confiscation de la terre de Fadak.

FADAK

"Dans l'isolement de son deuil, Fâtima voulait ignorer tout de la politique, de la Saqîfa, de l'élection d'Abû Bakr comme khalife, qui lui avait refusé Fadak, mais la ménageait (son fils Muhammad, le fils d'Asmâ', choisira les Alides contre sa sœur A'isha, et son petit-fils Qâsim se mariera avec une Alide). Elle n'avait pas prêté la bay'a à Abû Bakr, et ce n'était pas une manière à elle de manifester contre Abû Bakr, ou de poser la candidature de son mari (...). mais, auprès d'Abû Bakr, la jalousie de A'icha, et de Hafsa veillait (...) Umar s'indigne de l'abstention de Fâtima, qu'imite son mari ; il flaire un schisme. Il veut forcer leur porte ; c'est le Jour de l'Effraction, par le Feu.

Fâtima tient tête, maintient son refus. Est-il vrai qu'il y eut bagarre, que Fâtima ait été frappée, ses pendants brisés, et qu'elle ait ensuite accouché avant terme d'un enfant mort-né, Muhsin? Umar était dur, mais noble, 'Alî, sûrement présent, se serait interposé si l'on avait voulu frapper sa femme. Retenons simplement que Fâtima dut dénouer sa chevelure, signe de rescousse suprême de la bédouine (...). Elle peut avoir avorté d'émotion, quelques jours après" (Louis Massignon, "la notion du voeu", Opera minora, P.U.F., 1969, p.589)

LA MORT DE FATIMA (26 août 632)

Fâtima ne survivra que 75 jours à la mort du Prophète (six mois selon Tabari : "Dans cette même année, au mois de ramadhân, mourut Fâtima, la fille du Prophète, six mois après la mort de son père ; elle était âgée de vingt-neuf ans. Esmâ, fille d'Omaïs, procéda à la lotion funéraire ; 'Abbâs, Fadlh et 'Alî descendirent dans la fosse où ils l'enterrèrent" (Tabari, Les quatre premiers califes, Sindbad, 1981, p.19).

Elle sera enterrée de nuit par 'Alî et inhumée à Médine, - "Quand Fâtima mourut, elle demanda à être enterrée en secret ; la jalousie de A'icha menaçait sa sépulture" (Louis Massignon, "La notion du vœu", idem, p.590) -, mais l'endroit exact de sa sépulture sujet à controverse.

Copyright©1998, Jean Moncelon