L'écrivain
autrichien Thomas Bernhard n'a cessé de vilipender la plupart des
artistes germaniques, ses compatriotes, comme Stifter et Bruckner, mais
aussi nombre d'écrivains ou de penseurs allemands. On connaît ses
charges contre Heidegger, dans Maîtres anciens, par exemple. En
revanche, il a parlé de Novalis avec sincérité et une réelle
admiration.
"J'ai
tout de suite aimé Novalis, a-t-il dit au bout d'une heure, après
avoir refermé le livre de morceaux choisis, et je l'aime encore aujourd'hui.
Novalis est le poète que j'ai aimé toute ma vie de la même manière
et avec la même ferveur, plus qu'aucun autre. A la longue, tous m'ont
plus ou moins déçu, se sont révélés stupides ou vains ou
simplement, comme c'est si souvent le cas, tout compte fait
insignifiants et inutilisables. Novalis n'est rien de tout cela. Je n'ai
jamais cru que je pourrais aimer un poète qui est en même temps un
philosophe, j'aime Novalis, je l'ai aimé toujours et de tout temps et
je l'aimerai aussi à l'avenir avec la même ferveur avec laquelle je
l'ai toujours aimé, voilà ce qu'a dit Reger, ce jour-là. Tous les
philosophes vieillissent avec le temps, Novalis, non, voilà ce qu'a dit
Reger, ce jour-là. Mais il est tout de même singulier que ma femme
n'ait même pas eu une prédilection pour Novalis, même pas une prédilection,
alors que moi j'ai toujours aimé entièrement Novalis. Il y a
tant de choses que je suis parvenu, à la longue, à faire apprécier à
ma femme, mais pas Novalis, bien que Novalis soit justement celui qui
aurait pu lui apporter le plus, a-t-il dit."
Maîtres anciens, Gallimard,1985
"La
nature de la maladie est aussi obscure que la nature de la vie",
citation de Novalis en exergue de Amras, Gallimard, 1987
"Nous
cherchons l'ébauche du monde - cette ébauche, c'est nous-mêmes",
citation de Novalis en exergue de Les mange-pas-cher (Die
Billigesser), Gallimard, 2005
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